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12.02.2008

Discours prononcé par le ministre Žiga Turk lors de la 4me réunion parlementaire sur la Stratégie de Lisbonne


Monsieur le président du Parlement européen,
Monsieur le président de la Commission européenne,
Messieurs les présidents et membres des parlements nationaux,
Messieurs les députés du Parlement européen,
Mesdames et Messieurs,

Cette avec une joie intense  que  j'ai répondu à votre invitation. C'est avec plaisir que je m’adresse, en tant que représentant de la présidence du Conseil de l’UE, aux  représentants des 27 Etats membres.  La présidence slovène du Conseil de l’UE coïncide avec un nouveau chapitre du développement de l’Europe. La signature de la convention de Lisbonne clôture la période au cours de laquelle l'Europe s’est essentiellement concentrée sur sa politique intérieure,   son économie et, ces dernières années,  ses contours institutionnels.   L’Europe est maintenant mieux équipée pour s'ouvrir au monde et participer activement aux nouvelles tendances  mondiales.

Les étapes contemporaines marquantes.

Au moment où l'Europe a commencé à réfléchir sur sa stratégie de  développement et à la stratégie de Lisbonne, nous concevions le terme de mondialisation comme étant synonyme de compétition entre l'Europe, les Etats-Unis et le Japon.  Par la suite, de nouveaux acteurs ont émergé sur la scène mondiale,  ceux-ci représentant, d'un côté, de nouveaux concurrents et ,de l’autre, de nouveaux partenaires. Ces pays ont insufflé un nouveau vent de réflexion et nous ont conduits à nous interroger sur ce que l'Europe pouvait apporter à la mondialisation et sur les réelles  priorités de la concurrence.

A partir de la fin des années 80, la révolution des communications a amorcé les premiers changements du monde.  Lorsque j'enseignais à l’Université de Ljubljana, je l'intitulais, déjà à cette époque, la deuxième révolution de la communication. La première  - celle de l’imprimerie et du papier  - s'est déroulée  il y a un peu plus de cinq cents ans et a complètement modifié  le mode de fonctionnement des sciences et des techniques. Elle a démocratisé l'accès à la connaissance et à la communication sur papier.  Le papier et l'impression ont englobé dans le processus de création un grand nombre de personnes .  Ces personnes ont tracé la voie à la prédominance de l’Europe dans les domaines des sciences, des technologies et de la culture. Nous en avons été les témoins ces derniers siècles.

La deuxième révolution de la communication est actuellement en cours, sous nos yeux, et permet à une multitude de personnes d'utiliser la communication électronique. L'efficacité et l'innovation ne sont plus enfermées dans des schémas d'organisation rigides.  Les innovations  et les procédures créatives attirent de nombreux talents.  L’e-démocratisation modifie également les décisions politiques et le rôle des institutions nationales. 

Nous sommes au seuil d'une troisième révolution industrielle. Lors des deux précédentes, le développement mondial s’est forgé sur l'énergie, dont les ressources se sont constituées sur notre planète durant des milliards d’années sous forme de combustibles fossiles. Nous nous trouvons, aujourd'hui,  devant un défi comparable aux projets Manhattan ou Apollo ; celui de diminuer de façon considérable notre dépendance face aux ressources non renouvelables et de passer à une économie à faible intensité carbonique. A cette fin, nous devons mobiliser tout nos potentiels scientifiques, techniques, économiques et politiques. Nous devons également modifier nos valeurs.

Après les ères agraire, industrielle et informatique, nous entrons, en reprenant les termes de Dan Pink,  dans " l’ère conceptuelle". L’enjeu majeur n'est plus d’obtenir des vivres, des produits industriels ou informatiques ; les valeurs et le sens passent au premier plan et influencent également, bien entendu, nos habitudes en tant que consommateurs. Notre intérêt premier n'est plus seulement la satisfaction de nos besoins en produits de première nécessité et leur utilisation pratique ; le design, la marque, la qualité, le lieu de fabrication, les conditions de fabrication (sans exploiter les enfants, par exemple) ont aujourd'hui leur importance. Nous désirons également savoir si le produit acheté est un produit autochtone, sain et  écologique.   Ces qualités sont à nos yeux primordiales et donnent de la valeur aux produits. Elles dépendent de nos normes et de notre culture.  

Ces tendances sont au cœur de l'extension du potentiel créateur des individus et influencent leurs valeurs. Ce sont des thèmes proches de l'Europe. L’Europe doit faire preuve d’ambitions afin de façonner ou de diriger les 4 tendances qui caractérisent notre époque ; la  mondialisation, la révolution de la communication, la troisième révolution industrielle et l’ère conceptuelle. Maintenant  que nous disposons d’une convention constitutionnelle et que nos discussions internes sont achevées, nous devons nous atteler à cette tâche.

Les conceptions européennes de développement encadrent la stratégie de Lisbonne pour la croissance et l'emploi.

Apres sa modification radicale en  2005, nous constatons que la stratégie de Lisbonne fonctionne. La croissance économique, ces derniers années,  est d’environ 2,7%, 6,5 millions d'emplois ont été créés, le taux de chômage est passé sous la barre des 7%, la dette publique a chuté en-dessous des 60% et le déficit budgétaire représente 1,1% du produit national brut. Les réformes structurelles ont amélioré  les fondements de l'économie européenne. L'Europe est ainsi prête à affronter les crises des marchés financiers et la hausse des prix des matières premières, notamment des produits pétroliers et alimentaires. Cependant, nous n'avons pas de raisons  de nous réjouir. L'économie mondiale navigue dans des eaux de plus en plus troubles. C'est pourquoi il est primordial que l'Europe conserve et poursuive les réformes de modernisation de son économie et de la société.

La réalisation de la stratégie de Lisbonne nécessite le soutien de tous les acteurs européens. Nous pouvons louer le travail de la Commission pour la préparation du paquet constitutionnel, adopté en décembre. La Slovénie considérera, lors de sa présidence, la stratégie de Lisbonne comme l’une de ses cinq priorités. Les partenaires sociaux, les associations non-gouvernementales et, bien entendu, le Parlement européen et les parlements nationaux sont inclus dans les discussions. A vrai dire, la stratégie de Lisbonne fonctionne car une grande partie des compétences a été transférée aux Etats membres.

La Slovénie et les réformes.

En 2005, la Slovénie a adopté une Stratégie de développement et, lors de sa nouvelle impulsion, la stratégie de Lisbonne a été intégrée dans le programme national de réformes. Le gouvernement a, en 2006, préparé un programme de réformes économiques et sociales en 67 points. Nous avons achevé notre réforme fiscale,   équilibré notre budget, modernisé notre marché de l'emploi, diminué le temps nécessaire à la  création des entreprises; notre e-administration est la deuxième plus performante d’Europe , nous améliorons l'environnement de nos entreprises, nous avons partiellement modernisé le système social, nous avons instauré la convention de Bologne dans le système d’enseignement supérieur.

Les résultats le prouvent, les réformes en valent la peine et nous sommes sur le bon chemin. La Slovénie enregistre la plus haute croissance économique de la zone euro (entre 6 et 7% pour 2007), le taux de chômage a chuté en-dessous des 5%, la dette publique est en-dessous des 30%, le budget est équilibré. Plus de personnes ont trouvé un emploi et garantissent ainsi leurs protections sociales, les salaires ont également augmenté.

Les recommandations de la Commission et du Conseil de l'Union européenne ont été prises au sérieux par la Slovénie. Elles ont été discutées dans nos deux chambres et également avec les partenaires sociaux. Nous sommes conscients qu'il est nécessaire de réfléchir au maintien du système des pensions pour assurer son avenir et que nous devons encore améliorer le marché de l'emploi en Slovénie. Un dialogue apaisé et  un large accord entre les générations, les partenaires sociaux et les partis politiques seront nécessaires.

Ni l'Europe, ni la Slovénie  ne peuvent s'endormir sur leurs lauriers. La présidence slovène  est consciente que le Conseil européen du printemps, en mars prochain, donnera un nouvel élan au  nouveau cycle de la  stratégie de Lisbonne:

  • Le Conseil confirmera les lignes directrices intégrées macroéconomiques, microéconomiques et les orientations pour l'emploi. Nous avons déjà abondamment discuté pour savoir s’il était nécessaire ou pas d’y introduire des modifications. La plupart de mes homologues ont convenu de la nécessité d'améliorer la formulation des lignes directrices intégrées. L'ouverture de débats susciterait une longue coordination,  ralentiraient le passage  au nouveau cycle pour un résultat final presque identique à ce que nous connaissons actuellement. Modernisons donc le préambule.
  • Le conseil adoptera les recommandations spécifiques pour les Etats membres en fonction de leurs avancées dans l'exécution des programmes nationaux de réformes.
  • Il appellera tous les participants - le Conseil, la Commission et le Parlement - à exécuter le programme communautaire de Lisbonne.
  • Il s'engage également à  accorder une attention particulière à quelques activités clés dans quatre domaines prioritaires.

Ces domaines sont les suivants : l’engagement de l'Europe pour l'environnement, une Europe plus soucieuse de l'être humain et de sa position sociale, le renforcement de l’esprit d’entreprise en Europe et l’encouragement à l’innovation et à la création en Europe. Permettez-moi de détailler brièvement les domaines susmentionnés.

La connaissance et l'innovation sont liées à la créativité. Au début de mon intervention, j’ai précisé à quel point l'économie contemporaine était étroitement liée aux valeurs et aux dimensions culturelles. L'Europe doit tirer profit de la richesse  culturelle de ses traditions et de son éthique  pour avantager ses produits par rapport à la concurrence. Nous devons encore investir dans la recherche et le développement. L’objectif avancé d'investir 3% dans la R&D est encore loin d’être atteint. Nous devons développer des connaissances et des technologies de haut niveau, inciter l'enseignement supérieur à évoluer. Nous devons être conscients que le monopole de l'Occident dans la recherche et la technologie  touche à sa fin.

De plus en plus de personnes manifestent un intérêt pour les processus créateurs. Nos concitoyens et ceux des pays tiers. La connaissance doit être le cinquième pouvoir ; nous avons besoin d'un espace au sein duquel l'accès aux connaissances demeure ouvert, où nous soutiendrons des innovations ouvertes et surtout où les connaissances seront protégées par un brevet européen et des droits d'auteur. Il serait également recommandé de coordonner les diverses recherches  européennes et les politiques de développement  avec celles des pays membres.

Les européens doivent devenir plus entreprenants. En effet, les petites entreprises à fort potentiel novateur et créateur font défaut. C'est pourquoi il est nécessaire de nous préoccuper plus particulièrement du développement et de la croissance des petites et moyennes entreprises et de leur accès aux sources de connaissances: les recherches, les infrastructures et les sources de financement. Nous devons approfondir les marchés internes, plus particulièrement dans le domaine des services et de certains secteurs industriels et éliminer les diverses entraves à leur développement. Un marché interne fort et efficace permettra de mieux nous défendre face à la mondialisation et à la tentation du protectionnisme. Il faut augmenter la transparence des marchés financiers. Il faut améliorer la législation et diminuer les charges administratives.

Les Européens doivent rester solidaires entre eux et se soucier les uns des autres. La fléxicurité permet de mettre en place la recherche dynamique d'un équilibre entre économie,  pour laquelle le marché de l'emploi doit être opérationnel et permettre de pourvoir les postes vacants, et la sécurité des personnes, qui cherchent à trouver rapidement un nouvel emploi. Une personne qualifiée est plus attractive et trouvera plus facilement un emploi ; c'est pourquoi il est nécessaire de garantir une formation permanente. De plus, si nous analysons le triangle recherches-innovations-formation, le dernier élément est le maillon faible et doit être renforcé. Nous devons également prendre en considération l'élément démographique. Nous devons nous assurer que les jeunes achèvent leurs études et qu'ils trouvent assez rapidement un emploi. Nous devons inciter les personnes âgées à rester actives le plus longtemps possible. Seulement ainsi, nous atteindrons un taux d'emploi de 70%.

Les européens se soucient de l'environnement. L'année 2007 a été l'année durant laquelle nous avons adopté, dans ce domaine, beaucoup de mesures ambitieuses, très ambitieuses ….mais tous cela ne demeure que des promesses. Nous sommes face maintenant aux premiers projets concrets et nous devons parvenir à un accord équitable pour tous. Cela est, bien entendu, plus compliqué. Les gouvernements, les organes nationaux doivent donner l'exemple aux citoyens dans ce domaine.

Bien que l'obscurité soit ces dernières années de mise et occupe une grande partie des espaces politique et public, je m'engage à délimiter clairement les contours de la stratégie de Lisbonne. En ce qui concerne l'énergie et les changements climatiques, nous ne pouvons pas l'examiner en dehors du contexte de la croissance et de l’emploi. La problématique concerne tous les autres piliers de la stratégie de Lisbonne. Pour pouvoir participer à la troisième révolution industrielle et pour le passage à une économie à faible émission carbonique, nous aurons besoin d'une percée dans le domaine de la recherche et des technologies. Nous devons inciter notre  industrie à  développer des produits de nouvelle génération, des produits concurrentiels et efficaces énergiquement pour ensuite attaquer les marchés étrangers.  Le but recherché n'est pas de désindustrialiser l'Europe et de délocaliser les technologies vers d'autres régions du monde où les préoccupations écologiques sont, sans aucun doute, moindres. A l’aide d’un système d’éducation et de formation approprié, objectif que représente le troisième pilier de la stratégie de Lisbonne, nous pouvons accomplir ensemble de grands projets dans le domaine de l'efficacité énergétique.

Mesdames et messieurs,

Dans un de ses ouvrages, Nicolas Machiavel  écrivait : " l'innovateur a pour ennemi tous ceux qui ont prospéré dans l'ordre ancien et pour tièdes défenseurs tous ceux qui ne savent pas encore comment prospérer dans le nouvel ordre." "Les ennemis des réformes tireront profit de chaque occasion et attaqueront les réformateurs ; les autres le défendront sans grande flammes". Nous, hommes politiques, sommes souvent enclins à contredire pour le simple fait de contredire. La stratégie de Lisbonne est la stratégie des réformes pour la modernisation de l’Europe, pour que l’Europe se dote d’un contour institutionnel, pour qu'elle puisse façonner la mondialisation et les autres  tendances majeures de notre époque. Nous avons besoin de bien plus que d'un tiède soutien.

Nous devons parvenir à un accord sur la stratégie de Lisbonne: au niveau du Parlement européen et des parlements nationaux, dans le domaine  politique, avec les partenaires sociaux, les associations civiles et les organisations non-gouvernementales. Nous avons besoin d'un nouvel élan pour le nouveau cycle de la stratégie de Lisbonne afin que l’Europe devienne plus  dynamique, plus créative, ouvertes aux nouvelles connaissances, une société entreprenante, qui se soucie des personnes et de l'environnement. Nous devons également réfléchir à l'encadrement stratégique du développement européen après 2010 et à la convergence de la stratégie de Lisbonne ainsi qu’à une stratégie de développement durable.

L'Europe peut nous apporter beaucoup. Ce siècle ne sera pas celui où l’Europe commandera le monde de manière coloniale en s’appuyant sur la puissance de son industrie et de son développement. Ce siècle peut devenir celui où les valeurs et la créativité européennes domineront. Comme l’a écrit Mark Leonard, il importe de savoir dans le monde comment les Européens coopéreront et tenteront de résoudre les conflits, tout en protégeant la nature et l’individu.

Chaque personne présente dans cette assemblée peut concourir à ces changements.

 

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Date: 13.02.2008