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Janvier

08.01.2008

Discours de M. Janez Janša, Président du Gouvernement de la République de Slovénie, lors de l'inauguration de l'Anne européenne du dialogue interculturel


Premier ministre de la République de Slovénie Janez Janša lors de la Cérémonie d'inauguration de l'Année du dialogue interculturel (Cankarjev dom, Ljubljana)

Citoyens et citoyennes des Etats membres de l'Union européenne,

Monsieur le Président du Parlement européen,

Monsieur le Président de la République,

 Madame la Vice-présidente de la  Commission européenne,

 Messieurs les Vice-présidents et Mesdames et Messieurs membres de la Commission européenne,

Mesdames et Messieurs,

 

Nous sommes très heureux, en Slovénie, que le début de l'année européenne du dialogue interculturel corresponde également avec le commencement de notre présidence du Conseil européen. Nous considérons que, pour des raisons multiples, le moment est bien choisi. Il y trois semaines, nous avons signé le traité réformé, le traité de Lisbonne.  Grâce à ce traité, l'Union européenne sera capable de poursuivre le projet historique de l'intégration économique et politique et de la concurrence à un niveau mondial. Pendant le présent mandat du Parlement européen et de la Commission, nous avons adopté toute une série de mesures en vue de renforcer ultérieurement la force économique et politique de l'Union européenne. Le dernier élargissement, les millions de nouveaux emplois créés et le bien-être accru des citoyens européens y ont fortement contribué.

Ces succès suscitent l'admiration de nos partenaires ainsi que de nos coopérateurs au niveau mondial. Pourtant, nous avons souvent le sentiment que quelque chose nous manque. De plus en plus, nous comprenons les considérations des pères de l'Europe unie: pour la réussite totale du projet européen d'intégration, il ne suffit pas seulement de créer un grand marché unique et de promouvoir une croissance économique forte. Non, ce dont nous avons besoin également, c'est de renforcer la dimension culturelle et spirituelle de l'Union européenne. Permettez-moi de reprendre la pensée d’un de nos conférenciers, le commissaire de l’education, formation, culture et jeunesse Jan Figel, initiateur de l'Année européenne du dialogue interculturel: "Le marché intérieur est une réussite extraordinaire dont nous sommes fiers, mais il est temps de le balancer par autre chose. Pendant un demi siècle, nous nous sommes adressé à l'intellect de l'Europe, maintenant il est grand temps de nous tourner vers son cœur."

Le temps d'entamer une discussion approfondie sur la culture est donc venu. Cette discussion doit se mettre en place entre nous qui vivons au sein de l'Union européenne, mais aussi entre nous et tous ceux avec lesquels nous travaillons dans notre voisinage et sur cette planète. Le temps est venu de regarder en nous-mêmes et de chercher ensemble des réponses à des questions fondamentales touchant à la dimension culturelle de l'intégration européenne. «Celui qui ne croit pas en la culture a perdu la foi en l'homme» est le principe de l'humanisme. Sans ce principe humaniste, partie intégrante du patrimoine culturel européen, il n'y a pas de vraie politique européenne.    

Cette année, l'Union européenne désire  fêter la richesse de ses cultures, souligner la créativité et soutenir des projets en vue de  l'intégration, la prise de conscience du  patrimoine culturel européen et soutenir les recherches à son sujet.  Nous sommes conscients que ce patrimoine est le substrat dans lequel plongent les racines des valeurs universelles de l'Europe moderne:   liberté, justice, égalité, Etat de droit et préservation des droits de l'homme. Cependant, la richesse de notre patrimoine n'est pas un trésor enseveli dans le passé. Chaque génération y ajoute de nouvelles connaissances, une sagesse nouvelle et un nouveau visage. Et le visage de l'Europe, auquel cette soirée est dédiée, ne peut pas être le visage fatigué de l'Ancien continent. Au contraire, ce doit être l'expression fraîche de la créativité, de l'interrogation sur soi-même et de l'émergence de nouvelles générations, ainsi que de nouvelles réussites dans les cultures et arts européens. Tous ceux qui sauront puiser dans le trésor des traditions, sauront trouver la source d'inspiration qui les aidera à bâtir l'Europe du 21me siècle.  

Aujourd'hui nous sommes conscients, beaucoup plus que dans les décennies passés, et cela pour des multiples raisons, que le «liant» de l'Union européenne ne saurait être uniquement constitué par l'économie et la politique commune : il est également le fruit des valeurs de la mémoire commune, de la culture et de la créativité.  De cette profonde compréhension naît notre responsabilité commune à l’égard  du devoir de compréhension des cultures qui nous entourent. Le respect des valeurs européennes nous engage à nous tourner vers nos voisins: tant vers ceux qui désirent un jour se joindre à nous et donc  épouser ces valeurs, que vers tous les autres. Dans ce sens, les résultats du dernier Eurobaromètre sont encourageants, ceux-ci montrant que les trois quarts des citoyens de l'Union européenne sont persuadés que la présence de personnes d'origine ethnique ou religieuse différente ne peut qu'enrichir la vie culturelle de leurs pays. 

La Slovénie est - nous l'avons déjà entendu aujourd'hui - un pays qui, durant toute son histoire, a été le point de rencontre de nombreux courants culturels. Ici, le monde slave côtoie le monde germanique et romain, l'Europe centrale rencontre les Balkans orientaux et la Méditerranée. Nous avons donc toutes les cartes en main pour contribuer à renforcer la compréhension culturelle en Europe et au-delà de ses frontières. Un Groupe de travail pour le dialogue interculturel a été créé au sein du Centre pour l'avenir de l'Europe ; sa vocation sera de favoriser les rapprochements interculturels dans notre proche voisinage, à savoir dans les Balkans occidentaux.  Par ailleurs, en collaboration avec la Fédération de Russie nous sommes les initiateurs de la fondation du Forum des cultures slaves, dont la mission de coopération interculturelle a connu un nouvel élan avec l'intégration des cinq pays slaves de l'Union européenne.

La Méditerranée – aujourd'hui, au seuil du 21me siècle autant que dans l'antiquité – est un point de rencontre richissime d'identités culturelles. Au-delà du défi des charges historiques qui continuent à l'opprimer, la Méditerranée est le lieu où le dialogue entre les mondes chrétien, islamique et juif est le plus intensif. Cette constatation a été le point de départ pour l'initiative slovène de création d’une Université méditerranéenne qui a toutes les chances de devenir, cette année même, le point de rencontre de jeunes de toutes les rives de la Méditerranée.

Permettez-moi de citer le fameux écrivain et poète mexicain Octavio Paz: «Toute culture naît du mélange, de la rencontre, des chocs.  A l’inverse, c’est de l’isolement que meurent les civilisations.» Primož Trubar, le créateur de la langue slovène écrite, dont cette année nous fêtons le 5me centenaire de sa naissance, a écrit une phrase qu’en répète souvent: «Etre et rester. » Ce qu’il voulait dire c’est que pour pouvoir dialoguer avec les autres il faut d'abord se comprendre soi-même, savoir qui nous sommes. Que les pensées de ces deux sages nous servent de boussole.

L'Union européenne a toujours puisé sa force de sa capacité, se basant sur les droits fondamentaux des droits de l'homme, à respecter la différence et la diversité. Elle l'a fait parce qu’elle comprenait les bases qui l'ont formée et lui ont permis de croître.  Parce que les valeurs communes étaient les bases de sa force. Parce qu'elle savait ce qu'elle était et voulait le demeurer. Parce qu'elle bâtissait son identité. Pour cette raison, cette identité européenne est attrayante pour la plupart du monde, étant par principe optimiste, ouverte et centrée sur la liberté de l’homme. Il n’est donc pas surprenant que la majorité de jeunes du monde entier considère l'Union européenne comme un endroit où il fait bon vivre.

Mesdames, Messieurs,

L'année du dialogue interculturel que nous venons d’inaugurer représente une double opportunité.  Une opportunité pour l'Europe de renforcer sa confiance en elle, en sa force vitale et en la mission de ses cultures. Une opportunité de renforcer le dialogue avec les autres cultures, de vaincre ensemble les préjugés, de s'enrichir et de s'ennoblir mutuellement. La voie du dialogue interculturel passe par le renforcement des bases durables du bien-être sur notre planète.  

Merci.

 

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Date: 10.01.2008