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Mars

04.03.2008

Allocution prononcée par M. Žiga Turk, ministre slovène en charge du développement, lors du sommet « Croissance et emploi »


Seul le texte prononcé fait foi

Mesdames et Messieurs,

C’est avec grand plaisir que je m’adresse à vous aujourd’hui, lors de ce sommet. Dans moins de deux semaines, le Conseil européen du printemps initiera le deuxième cycle triennal de la Stratégie rénovée de Lisbonne pour la croissance et l’emploi. Trop souvent, la stratégie de Lisbonne s’est cantonnée à des cercles politiques fermés au lieu d’être promu auprès de ses parties prenantes qui pourraient pourtant contribuer à son succès. Le Conseil de Lisbonne en fait définitivement partie. Une longue journée de travail nous attend ; celle-ci  nous permettra de discuter du passé, du présent, et du futur de la stratégie de Lisbonne, de ses performances, de sa contribution à la croissance économique en Europe et au renforcement de la qualité de l’emploi.

Durant cette introduction, cependant, je souhaiterais vous exposer dans quelles mesures la stratégie rénovée de Lisbonne, placée dans un contexte plus large, peut répondre aux défis sociaux, économiques et scientifiques de notre époque. Ce contexte inclut :

  • la mondialisation
  • la révolution de la communication
  • la révolution industrielle
  • la transition vers une ère conceptuelle

1) A l’époque où les Européens commençaient à réfléchir à leur stratégie de croissance, à la stratégie de Lisbonne, nous concevions le terme de mondialisation comme étant synonyme de compétition entre l'Europe, les Etats-Unis et le Japon. Depuis lors, les Etats-Unis ont cessé d’incarner le principal moteur de l’économie mondiale. De nouveaux protagonistes de poids ont émergé sur la scène internationale, faisant ainsi grimper les prix des matières premières et du pétrole. D’un côté, nous pouvons les considérer comme nos rivaux, de l’autre, comme nos associés. Ces pays ont permis, de toute évidence, d'introduire une nouvelle réflexion sur la contribution de l’Europe à la mondialisation et sur ses véritables atouts concurrentiels.

2) Depuis la fin des années 80, nous sommes témoins de la révolution de la communication. Quand j’enseignais à l’Université de Ljubljana, je parlais déjà auprès de mes étudiants ingénieurs et architectes de la seconde révolution de la communication. La première, qui a eu comme vecteurs le papier et l’imprimerie,  il y a environ 500 ans, a profondément modifié les modes opératoires des sciences, des technologies et des politiques en démocratisant l’accès à la connaissance. Le papier et l’imprimerie  ont permis d’élargir considérablement la participation aux processus créatifs. Ils ont ouvert la voie à la prédominance européenne dans les domaines des sciences, des technologies et de la culture dont nous avons été témoins durant les siècles précédents. 

Aujourd'hui, nous assistons à une seconde révolution de la communication qui permet à un grand nombre de personnes de communiquer efficacement par voie électronique. La création et l'innovation sont libérées du carcan des schémas organisationnels rigides. L’e-démocratie influe sur les modes de prise de décision politique et sur le fonctionnement des institutions gouvernementales.  Grâce aux innovations et à la création, nous associons à ce processus de nombreux talents.

3) Nous nous trouvons au seuil d’une troisième révolution industrielle. Au cours des deux précédentes, le développement du monde se fondait sur l’énergie, sous forme fossile, qui s'est accumulée sur notre planète durant des milliards d’années.    Nous nous trouvons, aujourd'hui,  face à un défi comparable aux projets Manhattan ou Apollo ; celui de diminuer de façon considérable notre dépendance à l’égard des ressources non renouvelables et de passer à une économie à faible intensité carbonique. Pour ce faire, nous devons mobiliser tout notre potentiel scientifique, technique, économique et politique et modifier nos valeurs.   

4) Après les ères agraire et industrielle, nous abordons « l’ère conceptuelle », ainsi dénommée par Dan Pink. Le plus grand enjeu de cette époque n’est plus la fourniture de nourriture,  de produits industriels ou d’informations. Il s’agit d’une ère où la vie économique se confond avec les valeurs ; nous ne sommes plus uniquement intéressés par la satisfaction de nos besoins élémentaires, par l’utilisation du produit ou du service, mais par son design, sa marque, sa qualité et d’autres attributs intangibles.

Regardez votre montre. Sa fonction se limite-t-elle à vous indiquer l’heure ou ne représente-t-elle pas davantage ? Vos chaussures? Elles vous permettent de garder vos pieds au sec, mais ne représentent-t-elles pas davantage ? Combien coûte une montre ? Son prix est dérisoire. Combien coûtent réellement des chaussures? Environ 10 fois moins que les chaussures que vous portez actuellement.

Le fait est que le prix d’un produit ou de sa fonction est de moins en moins élevé.  En revanche, le prix que vous accordez à la valeur de ce produit est de plus en plus important. Cette valeur n’est pas déterminée par l’ingénieur ou l’ouvrier chinois qui les fabriquent, ceux-ci n’ayant pas conscience des valeurs et significations dont vous êtes porteurs. Ce qui nous intéresse, par exemple, c’est de savoir si le produit à été réalisé de manière équitable, sans exploiter d’enfants, si l’objet a été fabriqué dans notre environnement proche, s’il est sain, s’il respecte l’environnement et les individus. Il s’agit de qualités pour lesquelles nous sommes prêts à payer plus et qui sont fortement liées à notre milieu culturel.

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 Le traité de Lisbonne incarne les réformes et les changements véhiculés par un projet européen commun. La présidence  slovène désire initier, durant le prochain Conseil européen du printemps, au mois de mars, un nouveau cycle ambitieux pour la Stratégie rénovée de Lisbonne. Pour ce faire elle entend s’appuyer sur 4 priorités, résumées à la suite :

  1. L’Europe a besoin d’être plus novatrice et créative en tirant profit de la révolution de l’information et afin de se préparer à l’ère conceptuelle. 
  2. L’Europe a besoin d’être plus entreprenante afin de façonner la mondialisation, et non seulement y réagir.
  3. L’Europe doit prendre soin de ses citoyen afin qu’ils puissent tous profiter de ses avantages.
  4. L’Europe doit prendre soin de l’environnement  et mettre en branle la troisième révolution industrielle.

Sur l’innovation et la créativité: La stratégie de Lisbonne entend ménager une transition vers l’ère conceptuelle, en plaçant la créativité au même plan que la connaissance et l’innovation. Dans son livre "The rise of the creative class", Richard Florida établit que le talent est l’une des plus précieuses ressources économiques de l’avenir. L’Europe doit accroître ses talents mais elle doit être également à même d’attirer les talents étrangers et les inciter à rester sur son territoire.  Nous touchons ici à l’idée selon laquelle la connaissance devrait constituer la cinquième liberté de l’Europe. Les talents (les ingénieurs, les chercheurs, les étudiants, les professeurs..) devraient non seulement pouvoir se déplacer librement mais le paradigme de l’innovation devrait également être complété par son élément constitutif: un accès plus ouvert à la connaissance. En outre,  l’espace européen de la connaissance devrait mettre en place une politique commune et efficace de protection de la propriété intellectuelle et de l’innovation.

Favoriser  l’innovation et renforcer l’éducation passent notamment par le développement d’infrastructures de communication. Nous devons nous engager à ce que, d’ici 2010, toutes les écoles en Europe disposent d’accès à Internet à haut débit, ceci étant d’autant plus vrai pour l’ensemble des citoyens.

Nous devons continuer à développer les sciences et les technologies de pointe, investir dans les infrastructures de R&D et renforcer les synergies entre l’UE et les systèmes de financement nationaux de R&D.

Les Européens doivent devenir plus entreprenants. Les petites entreprises fortement  novatrices et créatives font défaut. C’est pourquoi il est nécessaire d’accorder une attention particulière à la création et à la croissance des petites et moyennes entreprises et de leur ménager un accès aux ressources de développement : les infrastructures de recherches ainsi que les capitaux-investissements. Nous ne devons pas manquer l’occasion qui nous est ainsi présentée de renforcer le marché intérieur. Nous ne devons pas, non plus, perdre de vue que les plus grandes entreprises mondiales se sont développées dans des environnements très compétitifs, et non pas protégés. Si la biologie peut nous éclairer, nous pourrions dire que les oiseaux les plus rapides et les prédateurs les plus efficaces n’évoluent pas dans l’environnement protégé des îles Galápagos. De même, les entreprises les plus compétitives ne se sont pas développées derrière le rideau de fer.

L’Europe doit se soucier de ses citoyens. La fléxicurité permet  de mettre en place la recherche dynamique d'un équilibre entre économie,  pour laquelle le marché de l'emploi doit être opérationnel et permettre de pourvoir les postes vacants,  et la sécurité des personnes, qui souhaitent trouver rapidement un nouvel emploi. Le renforcement de l’éducation, particulièrement de l’enseignement supérieur  et de l’enseignement tout au long de la vie, est capital dans ce contexte.

L’Europe doit se soucier de l’environnement. L’année 2007  a été caractérisée par l’adoption d’ambitieuses, très ambitieuses …..promesses dans ce domaine. L’année 2008 place l’Europe au seuil de la troisième révolution industrielle. La réduction des émissions de CO2 à un niveau soutenable devrait représenter de 500 à 1000 milliards d’euros par an.  Cela coûtera à certains et profitera à d’autres. Nous devons nous assurer que l’Europe sera à la pointe des nouvelles technologies en matière d’hydrogène, d’énergie photovoltaïque, de charbon propre et d’énergie nucléaire.

Mesdames, Messieurs,

La stratégie de Lisbonne est née et la reprise économique n’est pas seulement cyclique; elle est également le fruit de réformes structurelles. Cependant, étant donné la conjoncture économique mondiale actuelle et la menace de récession, l’Europe doit garder le cap des réformes. Le programme communautaire de Lisbonne est de loin le plus accompli. Nous devons également nous assurer que les partenaires sociaux, les régions et les représentants de la société civile continuent à jouer un rôle important, en conformité  avec les vœux émis lors du Conseil de Lisbonne.

Les Etats membres doivent poursuivre leurs programmes nationaux de réformes. La présidence slovène du Conseil de l’UE symbolise la fin d’une époque et l’avènement d’une nouvelle. Cette dernière a permis à l’Europe de se réunifier tout en dépassant les divisions engendrées par le rideau de fer après la Seconde Guerre mondiale. Durant les 20 dernières années, les anciens pays communistes ont su entreprendre des changements et des réformes de grande ampleur. Certains de ces pays sont partis de rien, d’autres n’avaient même pas d’existence. Ceci nous démontre que les réformes et les changements sont possibles dans une Europe considérée comme un ensemble.

La stratégie de Lisbonne s’ouvre sur un nouveau cycle triennal. Nous devons poursuivre nos réformes tout en commençant à penser au cadre stratégique de l’après 2010.

 

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Date: 04.03.2008