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Déclarations au sein d'organisations internationales

21.04.2008

Conférence des Nations Unies sur le Commerce et le Développement (CNUCED XII): Déclaration d’ouverture de l’UE (20-25 avril 2008; Accra, Ghana)

Déclaration d’ouverture de l’UE lors de la CNUCED XII pronocé par Žiga Turk, ministre chargé de la Coordination et du Déroulement de la Stratégie de Développement de la Slovénie

Seul le texte prononcé fait foi

Monsieur le Président, Excellences, honorables délégués,

C’est un grand honneur pour la Slovénie de prendre la parole au nom de l’Union européenne à l’occasion de cette conférence.

Permettez-moi, pour commencer, d’exprimer notre profonde gratitude au Ghana pour avoir organisé cette conférence, et à la population ghanéenne pour sa chaleureuse hospitalité.

Il est tout à fait significatif et opportun que cette conférence se tienne en Afrique, nous rappelant ainsi qu’il faut accélérer les efforts afin de réaliser les objectifs de développement, y compris les Objectifs du Millénaire pour le Développement. L’Union européenne travaille avec les pays africains dans un partenariat renforcé par la Stratégie commune UE-Afrique, stratégie récemment adoptée pour que la mondialisation soit profitable au continent et à ses citoyens.

La CNUCED XII a un double objectif. Elle constitue tout d’abord une occasion de dialogue et de réflexion sur des sujets majeurs tels que le commerce, la mondialisation et le développement dans le contexte d’une géographie variable de l’économie mondiale. Se situant à un moment décisif du cycle de négociations commerciales multilatérales de Doha, la CNUCED devrait envoyer un message positif en faveur d’un accord rapide sur un résultat ambitieux, équilibré et global qui contribuera de manière cruciale au développement ainsi qu’au renforcement du multilatéralisme.

Parallèlement, la Conférence a pour mission d’élaborer un programme de travail pour la CNUCED pour les quatre prochaines années, programme qui permettra à l’organisation d’exploiter au mieux ses ressources et ses atouts.

Sur ces deux points, l’UE est déterminée à obtenir un résultat positif, et elle est prête à s’engager de manière constructive, en gardant à l’esprit qu’elle constitue le plus important partenaire commercial des pays en développement et qu’elle est également le principal bailleur de fonds en matière d’aide au développement.

La CNUCED doit produire un résultat équilibré en ce qui concerne l’analyse des différentes perspectives sur la mondialisation et le rôle des forces du marché et des gouvernements. En liant l’analyse aux réponses politiques, elle devrait réaffirmer que chaque pays est responsable en premier lieu de son développement économique et social, et que la communauté internationale ne doit jouer qu’un rôle secondaire. Eu égard à sa contribution, il serait opportun que la CNUCED identifie des domaines d’intérêt où elle serait à même d’apporter une valeur ajoutée en aidant les pays en développement à créer des mécanismes de développement durable favorables au commerce et aux investissements.

Dans ce contexte, et compte tenu des défis actuels, l’Union européenne estime que les trois domaines suivants devraient constituer les priorités de travail de la CNUCED au cours des quatre prochaines années: la promotion du commerce Sud-Sud et l’intégration régionale ; la production et le commerce des ressources naturelles ; l’investissement et la concurrence. Dans tous ces domaines, et tout en tenant compte des besoins des autres régions en développement et des pays en transition, l’accent doit être mis sur les pays les moins avancés et les autres pays pauvres et vulnérables, notamment en Afrique. Le travail de la CNUCED devrait avoir pour objectif le développement durable et l’éradication de la pauvreté dans le cadre des Objectifs du Millénaire pour le Développement, tout en intégrant et en soutenant les principes de bonne gouvernance, d’État de droit, de respect des institutions démocratiques, les droits de l’homme, l’égalité hommes/femmes et l’émancipation économique féminine.

La nouvelle dynamique de la mondialisation et la montée des économies émergentes offrent un potentiel de croissance exceptionnel aux pays en développement à travers le commerce Sud-Sud, lequel est entravé par d’importantes barrières commerciales toujours en vigueur entre les pays en développement. À cet égard, il serait opportun que les pays développés, mais aussi les pays en voie de développement qui en ont la possibilité, accordent un accès au marché en franchise de droit et sans contingent aux pays les moins avancés, conformément à la sixième Conférence ministérielle de l’OMC de Hong-Kong. La CNUCED devrait continuer à plaider en faveur du commerce Sud-Sud et de son développement.

L’intégration régionale entre les pays en développement peut permettre de surmonter les faiblesses liées à une économie de dimension modeste, de réaliser des économies d’échelle, d’imposer des réformes nationales, de favoriser l’efficacité et d’attirer les investissements tout en contribuant à la paix et à la stabilité.  Les avantages peuvent être très importants lorsque l’intégration régionale va au-delà d’une simple réduction des droits. Les accords de partenariat économique négociés entre l’UE et les pays ACP sont ainsi conçus pour encourager le renforcement de l’intégration régionale et la création de marchés régionaux qui préparent l’arrivée du commerce mondial. La mise en œuvre effective de l’intégration régionale entre les pays en développement manque jusqu’à présent de volonté politique. La CNUCED devrait donc s’efforcer de soutenir ces efforts et, dans ce contexte, souligner le besoin d’une politique commerciale totalement intégrée dans un cadre politique national et une stratégie de développement solides.

En ce qui concerne les produits de base, le monde fait actuellement face à une augmentation rapide de leur prix et de ceux des produits alimentaires. Cette explosion a eu un effet perturbateur sur les pays en développement mais elle a également fourni aux pays producteurs de produits de base l’opportunité de se doter d’instruments leur permettant de faire face aux fluctuations des prix et à la concurrence permanente. En collaboration et en accord avec les autres acteurs internationaux dans ce domaine et avec le secteur privé, la CNUCED devrait aider ces pays à canaliser ces revenus inespérés dans des efforts visant non seulement à améliorer la compétitivité des secteurs des produits de base traditionnels, mais également à diversifier leurs structures de production. Elle devrait également les inciter à mettre en oeuvre des initiatives transversales relatives aux produits de base, et à introduire des outils de gestion de crise. L’UE se félicite que la CNUCED ait commencé à considérer les questions de transparence et de responsabilité, et qu’elle s’intéresse à la mise en place, dans ces pays, d’un cadre réglementaire véritable relatif à l’investissement dans les ressources naturelles. Dans le cadre des efforts qu’elle mène pour aider les pays en développement à réduire leur dépendance vis-à-vis des produits de base, la CNUCED est invitée à promouvoir la transparence des revenus et la gestion responsable des ressources naturelles ainsi qu’à soutenir des initiatives telles que celle pour la transparence du secteur des industries extractives.

La Conférence devrait également donner des indications sur la meilleure façon de faire avancer le dossier de l’aide au commerce par le biais de l’assistance technique qu’elle fournit dans le domaine du commerce. L’UE souhaite, pour sa part, faire avancer ce dossier. Nous avons l’intention de mettre en œuvre la stratégie en matière d’aide au commerce que l’UE a adoptée en octobre dernier, indépendamment des résultats du Plan d’action de Doha pour le développement ou de tout autre négociation commerciale.

La durabilité des investissements étrangers directs est indispensable au développement et à la croissance économique et sociale. Attirer et tirer parti des IED nécessitent la mise en place, à travers des réformes nationales, d’un environnement favorable soutenu par des règles internationales qui garantissent la stabilité, la transparence et l’impartialité du cadre réglementaire. En ce qui concerne les investissements, le travail de la CNUCED devrait être d’assister les pays les moins avancés qui n’ont, jusqu’à présent, tiré qu’un maigre parti des IED, et il devrait se concentrer sur le développement durable ainsi que sur la promotion de la bonne gouvernance et la réalisation d’un climat favorable aux investissements dans le cadre de stratégies de développement nationales. L’UE encourage la CNUCED à inviter, en partenariat avec l’OCDE, les pays industrialisés, les économies émergeantes et les pays en développement à mettre en œuvre de bonnes pratiques en vue de créer un environnement institutionnel capable de favoriser les investissements étrangers directs et de renforcer le développement durable.

L’UE salue l’évolution du contenu du rapport annuel de la CNUCED sur l’investissement dans le monde. Elle considère les Examens de la politique d’investissement comme un mécanisme utile.

La CNUCED est bien placée pour promouvoir une approche ambitieuse de l’investissement pour le développement. Il faut établir des règles favorables aux investissements pour le développement qui garantissent des normes sociales et écologiques ainsi que les droits fondamentaux du travail. Ces règles devraient également favoriser la transparence en clarifiant le cadre réglementaire, notamment dans le domaine fiscal, et se concentrer sur l’investissement à long terme, source d’emplois et de croissance durables.

Parallèlement à la complexité croissante du système international de règles en matière d’investissement, il est de plus en plus fréquent que des dispositions relatives à la concurrence soient intégrées dans les accords d’échanges préférentiels bilatéraux et régionaux. L’UE soutient le travail que la CNUCED a réalisé dans ce secteur en encourageant le recours au droit et à la politique de la concurrence pour atteindre la compétitivité internationale et domestique, et elle souhaite que ce rôle de forum de discussion sur les questions de concurrence au niveau multilatéral soit confirmé lors de la CNUCED XII et au-delà. La CNUCED devrait également maintenir son rôle incitatif et fournir une assistance technique et des activités de renforcement des capacités.

En ce qui concerne les nouveaux problèmes tels que le changement climatique, l’énergie et l’émigration, l’UE reconnaît pleinement leur importance pour les pays développés et les pays en développement, et elle s’engage à traiter ces questions globalement dans les enceintes appropriées. Dès lors que ces phénomènes présentent un caractère multidimensionnel, la CNUCED peut avoir un rôle à jouer. Toutefois, sa contribution ne peut dépasser le cadre existant de son mandant en matière de développement et de commerce, et elle doit être considérée dans le contexte plus large d’une définition des priorités.

Enfin, il est nécessaire d’unir les efforts visant à ranimer la CNUCED et  à améliorer son efficacité institutionnelle. Il sera ainsi possible d’améliorer l’impact de développement avec les ressources disponibles. Tout en restant responsable devant ses États membres, la CNUCED sera dotée d’instruments lui permettant d’aider les pays en développement à intégrer avec succès l’économie mondiale. À cet égard, chacun des trois piliers de la CNUCED doit être examiné. Des réformes spécifiques doivent être décidées pour faciliter les progrès en direction d’une organisation jugée sur ses résultats et reconnue comme un partenaire international privilégié dans le domaine du commerce et du développement.

La CNUCED devrait participer pleinement aux processus de réforme des  Nations unies et, notamment à ceux concernant la cohérence et la gestion de l’action du système des Nations unies. En outre, il est nécessaire d’intégrer le changement interne en termes de programmation et d’approche. À ce sujet, nous saluons les initiatives entreprises par le Secrétaire général ainsi que le rapport du Groupe des personnalités "Renforcer l’impact et le rôle de la CNUCED en matière de développement". L’accord sur les recommandations contenues dans ce rapport a fourni une base solide à la Conférence.

L’UE estime que les éléments suivants devraient être repris dans le texte de la Conférence car ils sont essentiels pour établir la confiance et exploiter au mieux les forces de la CNUCED. Il convient tout d’abord d’institutionnaliser un meilleur processus de définition des priorités, des objectifs spécifiques et des résultats attendus pour le travail de la CNUCED, et de mettre en place un suivi et une évaluation basés sur les performances et impliquant les États membres de manière continue. Chacun des trois piliers doit être aligné thématiquement et interagir dans une orientation générale axée sur des solutions pragmatiques et pratiques.

En termes de recherche et d’analyse, il faudrait renforcer des mécanismes permettant d’assurer la qualité, la cohérence et la pertinence vis-à-vis des priorités et des objectifs. La recherche et l’analyse devraient étayer et également nourrir les discussions intergouvernementales.

Les fonctions des organes au sein de la machinerie intergouvernementale doivent être réparties plus clairement, et les liens entre les différents niveaux doivent être renforcés. Il est essentiel que les délibérations intergouvernementales soient bien préparées, dans une collaboration étroite du secrétariat et des États membres, et que les méthodes de travail soient adaptées afin d’utiliser au mieux le temps imparti aux réunions. Il faut rechercher la flexibilité en ce qui concerne les ordres du jour et le type de résultat le plus approprié. Les conclusions concertées doivent être concises et reposer sur un consensus. Les réunions d’experts devraient être organisées autour d’un programme de travail pluriannuel.

La consolidation récente des activités de coopération technique dans les groupes thématiques est une avancée positive. Les efforts visant à améliorer leur gestion, leur évaluation et la présentation de l’information sur cette base doivent se poursuivre. Il est également nécessaire que le secrétariat collabore avec les bénéficiaires et les bailleurs de fonds potentiels de façon plus structurée, et qu’il continue à chercher des possibilités de financement via d’autres organisations internationales dans le cadre d’opérations communes, notamment au niveau national.

Nous appelons la CNUCED à poursuivre une répartition plus claire des tâches avec les autres organisations internationales, à l’intérieur et à l’extérieur du système des Nations unies, et à coopérer avec ces dernières dans un objectif de complémentarité, de synergie et d’efficacité accrue. La CNUCED devrait également renforcer son partenariat avec les acteurs non-étatiques, en particulier avec le secteur privé, les laboratoires d’idées, les académies et les organisations de société civile.

Il est important que la Conférence achève l’élaboration des lignes directrices relatives au changement institutionnel. Parallèlement, elle doit aller plus loin et galvaniser son engagement en vue d’une mise en œuvre effective et globale par toutes les parties prenantes, ce qui sera déterminant pour réussir le renforcement de l’organisation.

Le document sur les résultats devrait être réellement consensuel et refléter les préoccupations de l’ensemble des membres. Ce n’est que de cette façon que nous pouvons espérer un engagement continu et renforcé de tous les États membres et des délégations, y compris des pays développés, dans le travail de l’organisation et, de fait, dans le développement d’un véritable partenariat autour de son travail.

Au cours des prochains jours, nous devrons tous nous atteler à la réalisation de cet objectif.

 

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Date: 23.04.2008