Aujourd'hui, le XIme Forum des Conseils nationaux d'éthique vient de s'achever à Brdo pri Kranju, au terme de deux journées de discussions et de débats ayant trait à l’éthique et à la science. Cette réunion associait les membres des forums nationaux et du Groupe Européen d'Éthique (EGE), corps consultatif de la Commission européenne en charge des questions d’éthique dans les domaines de la science et de la biotechnologie. « Le développement de la science, de la profession médicale et de la société nous place perpétuellement devant de nouvelles questions morales qui exigent une réflexion éthique et scientifique globale, un débat interdisciplinaire, une prise de position éclairée et un dialogue ouvert. Ce n’est, en effet, qu’ainsi que nous pourrons, face à une situation particulière, trouver les meilleures solutions, adaptées au malade, au médecin et à la société », a souligné la ministre de la santé, Zofija Mazej Kukovič, hôtesse de la rencontre, dans son discours d'ouverture de la réunion.
« S’appuyant sur l'une des plus anciennes commissions d'éthique au monde, la Slovénie jouit d’une excellente tradition dans le domaine en matière de biomédecine », a souligné France Cukjati, président de l’Assemblée nationale. La Slovénie est l'un des cinq premiers pays à avoir ratifié la Convention d'Oviedo sur les droits de l'homme et la biomédecine : ceci témoigne également de son intérêt pour ces questions. Selon Danilo Türk, président de la République slovène, l'attention portée à l'éthique constitue l’un des devoirs de la science et des chercheurs.
Les participants à la réunion ont évoqué les antagonismes qui pouvaient parfois surgir entre les droits et libertés des personnes et les intérêts de la société. Ils ont débattu de l'accompagnement des personnes en fin de vie et de la responsabilité dans le domaine des recherches biologique et médicale, deux des questions éthiques prioritaires de l'espace européen. Le clonage des animaux à fins alimentaires, objet du dernier avis prononcé par l'EGE, a donné lieu à un débat plus approfondi. Les spécialistes en éthique ont déconseillé de recourir à de telles pratiques pour le moment, expliquant que celles-ci n'étaient pas vraiment nécessaires et que leur caractère artificiel les rendait pour beaucoup inacceptables. Comme l'a noté le docteur Jože Trontelj, président de la Commission d'éthique médicale slovène, ce type de débats a pour mérite d'élever le niveau de conscience et la sensibilité éthique de la société, tout en l’informant des problèmes posés par l’égoïsme exacerbé de l'homme à l'encontre des autres êtres vivants.
Les écueils éthiques que représente le recours à des techniques biomédicales pour améliorer les performances humaines ont été l'objet d'une attention particulière. Il en est de même pour le code de bonne conduite pour une recherche responsable en nanosciences et en nanotechnologies adopté récemment par la Commission européenne et présenté publiquement pour la première fois à Brdo. Les docteurs Božidar Voljč et Didier Sicard, respectivement membres des commissions d'éthique slovène et française, ont souligné les graves problèmes éthiques liés à la santé publique dans l’espace européen, les écarts financiers per capita allant de 1 à 30 selon les pays.
Sur l'initiative de la commission slovène d'éthique médicale, le débat a également porté sur l'aide aux malades souffrant de maladies incurables. Les participants ont soutenu la proposition recommandant de mettre davantage de méthodes palliatives d’apaisement (sédation) à disposition des souffrants. Cette mesure, qui revêt toutes les caractéristiques d'un traitement médical, ne raccourcit pas la durée de vie et ne s'apparente donc pas à l'euthanasie. Le docteur Inez de Beaufort a présenté les expériences des Pays-Bas sur ce type d'aide. Le docteur Trontelj est d'avis que, avec la mise en place de l'apaisement palliatif et des autres procédures de la médecine palliative, la pratique de l’euthanasie n’a plus de raison d’être.
