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Février

19.02.2008

Discours du ministre Žiga Turk à la séance plénière du Parlement européen


Monsieur le Président du Parlement européen, Monsieur Pöttering,

Messieurs les députés,

Messieurs les représentants de la Commission européenne,

Mesdames et Messieurs…

C’est avec joie que je prends part à cette séance au cours de laquelle le Parlement européen donnera l’impulsion au prochain cycle de la stratégie de Lisbonne pour la croissance et l’emploi, celui-ci représentant le cadre du programme clé de la modernisation de l’Europe et de son avenir.

La signature du Traité de Lisbonne met un terme à la période durant laquelle nous avons consacré beaucoup de temps à modeler notre propre structure intérieure, et, ces dernières années, également politique. À présent, l’Europe est fondamentalement mieux préparée pour s’ouvrir au monde et à impulser ses tendances.

Quatre tendances s’inscrivent dans le moment présent.

  1. Aux environs du tournant du millénaire, l'Europe a commencé à réfléchir à la stratégie de Lisbonne ; à cette époque nous concevions le terme de mondialisation comme étant synonyme de compétition entre l'Europe, les Etats-Unis et le Japon.  Par la suite, de nouveaux acteurs ont émergé sur la scène mondiale,  ceux-ci représentant, d'un côté, de nouveaux concurrents et, de l’autre, de nouveaux partenaires. Ces pays ont permis, de toute évidence, d'introduire une nouvelle réflexion sur la contribution de l’Europe dans ce monde globalisé et sur ses véritables atouts concurrentiels.
  2. Aujourd'hui, nous sommes témoins d'une révolution de la communication qui permet à un grand nombre de personnes de communiquer par voie électronique et efficace via l’internet. La création et l'innovation sont libérées du carcan des schémas organisationnels rigides. Grâce aux innovations et à la création ouvertes, nous associons à ce processus de nombreux talents. Au cours de l’histoire, nous avons été une seule fois témoins d’une révolution comparable dans la communication de masse; il y a environ 500 ans, lors de la découverte du papier et de l’imprimerie, sur laquelle l’Europe a bâti sa suprématie.
  3. Nous nous trouvons au seuil d’une troisième révolution industrielle. Au cours des deux premières, le développement du monde était basé sur l’énergie, sous forme fossile, qui s'est accumulée sur notre planète durant des milliards d’années.    Nous nous trouvons, aujourd'hui,  face à un défi comparable aux projets Manhattan ou Apollo ; celui de diminuer de façon considérable notre dépendance à l’égard des ressources non renouvelables et de passer à une économie à faible intensité carbonique.    Votre parlement a adopté, le 14 mai 2007, une déclaration sur la troisième révolution industrielle et l’économie hydrogène  et a ainsi démontré son soutien aux efforts déployés par l’Europe pour devenir un modèle en la matière. Pour y arriver, il nous faut mobiliser tout notre potentiel scientifique, technique, économique et politique, mais il nous faut également modifier nos valeurs.
  4. Après l’ère industrielle, nous entrons dans « l’ère conceptuelle » qui met en avant les valeurs, le sens et l’empathie. Nous ne sommes plus uniquement intéressés par la satisfaction de nos besoins élémentaires, par l’utilité du produit ou du service, mais par son design, sa marque, sa qualité; nous voulons savoir si l’objet a été produit ou fabriqué de manière équitable, sans causer d'injustice ou sans exploiter d'enfants, par exemple. Nous voulons savoir si l’objet a été fabriqué chez nous, s’il est sain, s’il respecte l’environnement et les individus. Il s’agit de qualités qui sont fondamentalement liées à nos valeurs et à notre milieu culturel.

L’augmentation du potentiel créateur des individus et l’influence de sa valeur constituent la pierre angulaire de ces tendances. Il s’agit ici de sujets qui par leur nature sont très européens. C’est pourquoi l’Europe se montrer ambitieuse pour façonner ces 4 tendances, voire les diriger. Maintenant  que nous disposons d’une convention constitutionnelle et que les discussions internes sont terminées, c’est exactement ce que l’on attend d’elle.

La stratégie de Lisbonne pour la croissance et l'emploi encadre les idées de développement de l'Europe.

Après sa rénovation profonde de 2005, nous pouvons assurer que la stratégie de Lisbonne fonctionne. La croissance économique de ces dernières années est d’environ 2,7% et 6,5 millions d’emplois ont été créés; le chômage est tombé sous la barre des 7%, la dette est inférieure à 60% et le déficit budgétaire se situe approximativement à 1,1% du PIB. Les réformes structurelles ont profondément amélioré l’économie européenne qui se retrouve ainsi mieux armée pour affronter les crises sur les marchés financiers et l’augmentation du prix des matières premières, principalement du pétrole et des produits alimentaires.

La mise en œuvre de la stratégie de Lisbonne nécessite le soutien de toutes les parties. La Commission a effectué un excellent travail lors de la préparation du paquet constitutionnel rendu public en décembre dernier. La Slovénie place la stratégie de Lisbonne parmi les cinq priorités de sa présidence.

Nous sommes heureux que le Parlement européen ait inséré le prochain cycle dans un large débat, cet effort visant à préparer les avis sur les grandes orientations et sur la stratégie de Lisbonne, ce qui lui donnera davantage de visibilité. Nous avons eu à diverses occasions l’opportunité d’échanger nos vues (dans le cadre de la consultation de la commission ECON, de la troïka, de la rencontre interparlementaire). Notre objectif commun, à vous, députés du Parlement européen, et à nous, membres du Conseil, est d’améliorer la mise en œuvre de la stratégie de Lisbonne. Ce processus doit davantage inclure les autres acteurs : les parlements nationaux, les partenaires sociaux, les pouvoirs régionaux et locaux et la société civile.

L’économie mondiale vogue dans des eaux de plus en plus troubles et il est important que l’Europe garde le cap et poursuive la mise en œuvre de la réforme et la modernisation de son économie et de sa société. Nous veillerons à ce que, au printemps, le Conseil européen du mois de mars donne une nouvelle impulsion au nouveau cycle ambitieux de la stratégie de Lisbonne:

  • Le Conseil européen confirmera les grandes lignes directrices de la politique économique et adoptera les conclusions sur les politiques de l'emploi.
  • Nous avons déjà abondamment discuté pour savoir s’il était nécessaire ou pas d’introduire des modifications à ces lignes directrices. La plupart de mes homologues ont convenu de la nécessité d'en améliorer la formulation. L'ouverture de débats susciterait une longue coordination,  ralentiraient le passage  au nouveau cycle pour un résultat final presque identique à ce que nous connaissons actuellement   Le conseil ECOFIN a adopté à l’unanimité la décision de ne pas modifier les grandes lignes directrices de la politique économique. Toutefois, nous sommes d'avis qu’il est nécessaire de replacer ces lignes directrices dans un nouveau contexte.
  • Le Conseil adoptera   des recommandations spécifiques pour les Etats membres en fonction de leurs avancées dans l'exécution des programmes nationaux de réformes.
  • Il invitera  toutes les parties prenantes – le Conseil, la Commission et le Parlement - à appliquer le Programme communautaire de Lisbonne .
  • Il soutiendra quelques activités et objectifs clés dans quatre domaines prioritaires.

Ces domaines concernent (1) la préoccupation de l’Europe pour l’environnement, (2) la préoccupation de l’Europe pour les individus et leur situation sociale, (3) les efforts pour une Europe plus entreprenante et (4) les efforts pour une Europe plus novatrice et créatrice, fondements de toutes les autres actions. Permettez-moi de vous détailler brièvement chacun de ces quatre domaines.

Nous plaçons le savoir et l’innovation aux côtés de la créativité. J’ai déjà mentionné précédemment le lien important qui existait entre l’économie contemporaine, les valeurs et les dimensions culturelles. L’Europe doit faire valoir sa riche tradition culturelle et son attitude éthique, acquises dans certains domaines, également pour avantager ses produits par rapport à la concurrence. Nous devons continuer à investir dans la recherche et le développement. L’objectif visant à investir 3% dans la R&D est loin d'être atteint. Nous devons développer des connaissances et des technologies de haut niveau, inciter l'enseignement supérieur à évoluer.

Nous devons attirer davantage de personnes dans les processus de création. Nos concitoyens et ceux d’autres pays. Le savoir doit devenir la cinquième liberté; nous avons besoin d’un espace unique de connaissances, d'un espace ouvert et accessible dans lequel l’innovation ouverte est soutenue et dans lequel, bien sûr, le savoir est protégé de manière adéquate par des brevets européens et les droits d’auteur. Il conviendrait de coordonner les diverses politiques européennes de recherches  et de développement entre elles et avec celles des pays membres.

Les Européens doivent devenir plus entreprenants. Les petites entreprises hautement innovantes et créatives font défaut, c’est pourquoi il est nécessaire d’accorder une attention particulière à la création et à la croissance des petites et moyennes entreprises et de leur donner un accès à la connaissance et aux infrastructures de recherches, ainsi qu’aux sources de financement. Nous devons approfondir le marché interne, plus particulièrement dans le domaine des services et de certains secteurs industriels et éliminer les diverses entraves à leur développement. Un marché  intérieur fort et efficace permettra de mieux nous défendre face à la mondialisation  et à la tentation du  protectionnisme.   Il faut augmenter la transparence des marchés financiers. Il faut améliorer la législation et diminuer les charges administratives.

Les Européens doivent rester solidaires entre eux et se soucier les uns des autres. La fléxicurité permet   de mettre en place la recherche dynamique d'un équilibre entre économie,  pour laquelle le marché de l'emploi doit être opérationnel et permettre de pourvoir les postes vacants,  et la sécurité des personnes, qui cherchent à trouver rapidement un nouvel emploi. Une personne qualifiée est plus attractive et trouvera plus facilement un emploi ; c'est pourquoi il faut encourager la formation tout au long de la vie. En règle générale, dans le triangle recherche-innovation-éducation, le dernier élément représente le maillon faible qu’il faut améliorer. Nous devons également prendre en considération l'élément démographique. Nous devons nous assurer que les jeunes achèvent leurs études et qu'ils trouvent assez rapidement un emploi.  Nous devons inciter les personnes âgées à rester actives le plus longtemps possible.  Seulement ainsi, nous atteindrons un taux d'emploi de 70%.

Les Européens se préoccupent de l’environnement. L’année 2007 fut l’année durant laquelle nous avons adopté dans ce domaine des mesures ambitieuses, très ambitieuses, qui sont toutefois restées au stade de promesses. Cette année, nous avons sur la table des plans concrets et nous devons parvenir à un accord qui sera honorable pour tous. Ce qui est loin d’être facile. Dans ce domaine, les gouvernements, les organes nationaux doivent donner l’exemple à leurs citoyens et aux autres pays. L’Europe doit prendre la tête du processus qualifié, par certains, de troisième révolution industrielle caractérisée par une transition vers une économie à faible émission de carbone. Je suis convaincu qu'en fin de compte cela sera également profitable à son économie puisque c’est elle qui occupera une position de pointe au niveau mondial dans les technologies d'avenir.

Mesdames et Messieurs,

Nous avons besoin d’une puissante impulsion pour lancer le nouveau cycle de la stratégie de Lisbonne, pour que l’Europe devienne plus dynamique, créatrice, ouverte à la connaissance, une société entreprenante qui prenne soin des individus et de l’environnement. Il nous faudra également, et dès que possible, réfléchir au cadre stratégique du développement de l’Europe pour la période post-2010 et à la future convergence de la stratégie de Lisbonne et de la stratégie du développement durable.

L’Europe a encore beaucoup à offrir au monde. Comme l’a écrit Mark Leonhard, ce siècle ne sera pas le siècle européen parce que l’Europe dirigerait le monde de manière colonialiste ni parce que son industrie serait la plus puissante. Toutefois, ce siècle a encore des chances de devenir le siècle européen si les valeurs européennes et la créativité européenne prévalent dans le monde, car ce sont les deux facteurs qui finalement façonnent les tendances mondiales. La créativité européenne s’appuie sur la brillante tradition culturelle européenne. Les valeurs européennes comme nos modes de coopération avec nos voisins, de résoudre nos différends, de nous soucier de la nature et des individus, sont des valeurs que l’on donne en exemple au monde entier. Il ne faut pas perdre de vue ces postulats profondément humains lorsque l’on réfléchit à l’avenir économique et social de notre Union et à la stratégie pour la croissance et l’emploi.

Merci!

 

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Date: 19.02.2008