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Janvier

16.01.2008

Discours du président du Gouvernement de la République de Slovénie et du Conseil européen Janez Janša à la séance plénière du Parlement européen


Le président du Gouvernement de la République de Slovénie et du Conseil européen Janez Janša présente les priorités de la présidence slovène. (photo: EP)

Monsieur le Président du Parlement européen,
Monsieur le Président de la Commission européenne,
Chers députés,
Mesdames et Messieurs,

C'est avec un grand plaisir, un grand honneur et une grande fierté que je suis aujourd'hui ici parmi vous. J'en suis fier en tant que Slovène, mon pays étant le premier des nouveaux pays membres à assurer la charge de la présidence du Conseil de l'Union européenne. J'en suis fier en tant qu'Européen, l'année 2008 ayant débuté pour l'Union avec la signature du Traité de Lisbonne et l'élargissement de la zone euro et de l'espace Schengen.

Je vous assure que c'est avec un grand plaisir que je reviendrai ici, à votre invitation, à plusieurs reprises durant les mois à venir, notamment après chaque session du Conseil européen. Je souhaite une coopération étroite et constructive avec le Parlement européen tout au long de la présidence slovène.

 

I:EU – UNE TELLE DECISION, SOURCE DE NOTRE PROSPERITE, N'A AUCUN PRECEDENT DANS TOUTE L'HISTOIRE DE L'HUMANITÉ

Aujourd'hui est un jour historique à beaucoup d'égards. La Slovénie présente les priorités de sa présidence au Parlement européen en tant que premier État membre issu de l'élargissement de 2004, en tant que premier État membre anciennement situé derrière l'ancien rideau de fer et également en tant que premier État slave à la tête du Conseil de l'Union européenne.

Tout cela ne serait pas advenu sans les changements tectoniques que l'Europe a connus durant les vingt-cinq dernières années. Ces changements ont permis à l'Europe de se constituer en tant qu'union de liberté, de paix, de solidarité et de progrès. Tout cela était inimaginable pour des millions d'Européens, il y a encore 20 ans.

En mai de cette année, cela fera exactement 20 ans que mon expérience personnelle particulière, hautement symbolique des changements susmentionnés, aura débuté :je voudrais la partager avec vous.

En 1988, j'étais parmi les trois publicistes et le sous-officier qui ont été arrêtés, emprisonnés, jugés et condamnés par la cour martiale pour avoir critiqué le régime totalitaire communiste de l'ex-Yougoslavie, en raison essentiellement des propensions bellicistes de l'armée de l'ex-Yougoslavie. Nous avons été privés des droits fondamentaux à notre défense, des droits à être défendu par un avocat et à avoir un procès public. Le procès a eu lieu au cœur de Ljubljana, la capitale de la Slovénie, qui à l'époque était toujours une république yougoslave. Le procès a été conduit dans une langue qui nous était étrangère.

En dépit de ce procès et des menaces d'intervention militaire, des dizaines de milliers de personnes ont manifesté dans les rues et sur les places pour protester et demander le respect des droits de l'homme et de la démocratie. Ils ont réussi à enclencher des processus de changements.

Presque 20 ans plus tard, me voici devant vous, dans cette chambre haute, le Parlement européen, au cœur de Strasbourg, où je peux me rendre sans être arrêté à la frontière.   En tant que président du Gouvernement de la République de Slovénie et président du Conseil de l'Union européenne, je peux m'adresser à vous dans ma langue maternelle.

Si l'on m'avait prédit de telles choses dans ma cellule militaire il y a encore 20 ans, je ne l'aurais nullement cru.

Et pourtant, cette prédiction s'est réalisée en seulement vingt ans de la vie d'une génération.

Durant cette période, la Slovénie a établi un système parlementaire démocratique et une économie de marché ; elle a gagné son indépendance en tant qu'État reconnu internationalement et est devenue membre de l'Union européenne, de l'OTAN, de la zone euro et de l'espace Schengen. En 1988, le revenu disponible par habitant de la Slovénie, mesuré en termes de pouvoir d'achat, s'élevait à 4000 euros ; en 2007 il était de plus de 22000 euros, soit 91% de la moyenne de l'Union européenne. L'année dernière, notre croissance économique a dépassé les 6%. Le taux de chômage de notre pays est actuellement à son plus bas niveau historique et est parmi les plus faibles de l'Union européenne. Notre niveau de pauvreté est le deuxième plus bas au sein de l'UME. La Slovénie est le troisième pays le moins endetté de la zone euro et se place parmi les six premiers États membres selon le baromètre des réformes de l'Union européenne.

Un progrès presque aussi grand a été réalisé après la chute du mur de Berlin par les autres anciens pays communistes de l'Europe centrale et de l'Est, qui sont aujourd'hui membres de l'Union européenne.

Après l'abolition de la frontière Schengen entre l'Italie, l'Autriche, la Hongrie et la Slovénie en décembre de l'année passée, des dizaines de milliers de slovènes ont salué spontanément cet acte symbolique. C'était un moment de grande émotion pour tous ceux, dont le Président de la Commission, qui étaient là avec nous. Nous avons assisté aux mêmes scènes partout ailleurs à l'emplacement des anciennes frontières de l'ex-rideau de fer, de la Baltique à l'Adriatique.

A cette occasion, j'ai rencontré, à un ancien passage frontalier, deux époux slovènes d'un âge avancé qui se mêlaient à d'autres personnes venues participer aux réjouissances liées à cet événement. Ces deux personnes en avaient les larmes aux yeux. Ils évoquaient les dizaines d'années de difficultés liées à la rigidité des frontières et aux humiliations subséquentes qu'ils devaient subir à chaque fois qu'ils voulaient passer ces frontières. La vieille femme disait qu'elle n'osait à peine  croire que tout cela était vrai,  que la frontière n'existait plus, qu'elle était témoin de quelque chose dont elle n'aurait jamais osé rêver quelque 20 ou 15 années plus tôt.  

J'aurais souhaité que les membres du Parlement européen, qui ont soutenu l'élargissement de l'Union européenne et de l'espace Schengen, aient été témoins de cette scène, ce soir-là, en décembre dernier. Cela leur aurait procuré une grande satisfaction. Comme ceci n'a pas été possible, permettez-moi au moins de vous dire, ici même, un grand MERCI.

Je vous remercie aussi au nom des personnes susmentionnées qui ont pris part à ces célébrations, et au nom des milliers, des millions, au nom de plus de 100 millions de citoyens de l'Europe centrale et orientale qui, il y a vingt ans, ont vécu par-delà le rideau de fer, certains en prison, sans aucun droit politique et sans beaucoup de droits humains. Aujourd'hui, ils vivent au sein d'une Europe unie qui leur offre des conditions de vie dont nos ancêtres n'ont jamais pu jouir.

 

Mesdames et Messieurs,

Il se peut que vous ne vous rendiez pas compte du poids de votre soutien à nos aspirations à la liberté et de la solidarité que vous nous avez témoignée. De toute l'histoire de l'humanité, aucune décision n'a probablement eu un tel impact. Cette décision qui a généré tant de bien pour tant de personnes. Je  remercie, au nom de nous tous qui sommes ici, d'avoir librement et généreusement mis en œuvre de telles décisions, d'avoir favorisé la victoire de la liberté et de la solidarité. Je sais que vous n'y êtes pas indifférents.

Nous, membres des générations antérieures à l'accession à l'Union européenne, avons peut-être une attitude un peu plus sentimentale envers tout ce qui s'est passé pendant les dernières années. Pour nous, l'Union européenne n'est pas une chose évidente. Nous sommes conscients qu'il existe aussi une autre alternative, considérablement pire. Pour cela, nous sommes prêts à faire tout notre possible pour préserver l'Union, pour son développement et son renforcement.

Notre principal objectif est de faciliter les avancées de l'Union européenne dans les six mois à venir sur le plus grand nombre de domaines possible. Nous avons défini ces domaines clés il y a longtemps, lors de la création du programme de 18 mois des présidences allemande, portugaise et slovène. Cette expérience fut unique, la coopération entre les pays du trio ayant été excellente ainsi que la contribution des institutions européennes. Ce parlement a déjà pris connaissance de ce programme ainsi que des progrès remarquables réalisés par nos partenaires du trio présidentiel dans sa mise en œuvre commune l'année dernière.

La Slovénie cherchera à mener à terme tout ce qui ne l'a pas encore été. Notre point de départ reste le programme susmentionné afin de préserver la continuité des politiques de l'Union européenne. En même temps, nous consacrerons nos efforts à de nouveaux défis. En tant que dernier État membre de ce trio, nous veillerons à ce que la transition vers le trio suivant s'effectue du mieux possible.

 

II. LE TRAITÉ DE LISBONNE EST LA PRIORITE ABSOLUE DE L'UNION

Le principal objectif atteint dans la mise en œuvre de ce programme est l'accord sur le nouveau traité européen, qui a été signé à Lisbonne en décembre dernier. Permettez–moi de féliciter Madame Merkel, la chancelière allemande, et Monsieur Socrates, Premier ministre portugais, pour leurs engagements personnels qui a permis d'aboutir à ces résultats. Rappelons-nous à quel point la situation était incertaine et difficile au moment où la présidence allemande a entamé ce projet. La Déclaration de Berlin, et son accord de principe pour doter l'Union européenne d'un nouveau fondement a représenté l'offensive qui a permis d'ouvrir cette route jusqu'à Lisbonne. Après l'accord sur le mandat de la conférence intergouvernementale au Conseil européen de juin, les succès de la présidence allemande ont été relayés par nos collègues portugais. Sous leur conduite, la conférence s'est achevée avec succès et a donné naissance à un nouveau traité, le Traité de Lisbonne.

A cet égard, je désire souligner le rôle important et la contribution précieuse du Parlement européen, notamment de vos représentants, à la conférence intergouvernementale et à la rédaction de ce nouveau traité. Par ailleurs, je désire aussi souligner le rôle fondamental qu'a joué la Commission européenne pour trouver un consensus sur ce nouveau traité. J'ai suivi ce travail de près. M. Hans Gert Poetering, Président du Parlement, et M. J. M. Barroso, Président de la Commission se sont pleinement engagés à offrir tout le soutien stratégique dont nécessitaient les Etats membres qui assuraient la présidence de l'Union européenne l'année dernière. La synergie des efforts des trois institutions clés de l'Union européenne a permis ce succès et la signature du Traité de Lisbonne.

Ce traité assurera une plus grande efficacité et ouverture démocratique à l'action de l'Union élargie. La prise de décision sera facilitée dans un grand nombre de domaines. Le rôle du Parlement européen et des parlements nationaux étant renforcé, l'Union européenne sera mieux dotée pour faire face aux enjeux de la mondialisation. Avec la mise en œuvre du traité, la Charte des droits fondamentaux, une conquête importante pour nos citoyens, deviendra juridiquement contraignante. Bref, le nouveau traité est un fondement solide pour nos actions ultérieures, et pour la prochaine étape de développement de l'Union.

Cependant, notre tâche ne s'achève pas à la signature du traité. Nous débutons la période des ratifications qui - l'expérience de 2005 nous l'ayant appris - est la phase la plus délicate de la mise en œuvre du traité. Je souligne que la ratification est de la compétence  - et de la responsabilité - exclusive de chaque Etat membre. A cet égard, je désire féliciter tout particulièrement la Hongrie qui vient d'achever son processus de ratification. J'espère qu'avant la fin de notre présidence la plupart des Etats membres suivront cet exemple. Le parlement slovène se prononcera sur la ratification avant la fin de ce mois.

Notre objectif est de mettre en œuvre le traité de Lisbonne avant le 1 janvier 2009. Cela suppose un travail énorme en ce qui concerne les préparatifs. Pour cette raison, nous avons mis en place une coopération privilégiée avec la France, qui  prendra la relève de la présidence après nous, afin que tout soit prêt à temps pour la mise en œuvre du traité. Aussi notre coopération avec le Parlement européen tâchera-t-elle d'être exemplaire.

 

III. SEULE UNE CROISSANCE ECONOMIQUE SAINE PEUT ETRE LA BASE DURABLE D'UNE PLUS GRANDE PROSPERITE

Mesdames et Messieurs,

Les progrès réalisés par l'Union européenne dans le domaine des reformes économiques au sein des Etats membres et dans celui de la construction du marché intérieur sont encourageants. Ces dernières années, l'économie de l'Union européenne a connu un essor important avec une augmentation aussi bien de la productivité que du taux d'emploi.

Durant le prochain cycle triennal de la mise en œuvre de la stratégie de Lisbonne pour la croissance et l'emploi, il sera nécessaire, avant tout, de continuer le travail dans cette direction et de nous concentrer sur l'investissement dans les personnes, la modernisation du marché du travail, le renforcement des capacités économiques, l'assurance de sources d'énergie accessibles et sûres à des prix abordables et la protection de l'environnement. Pour l'efficacité du lancement du nouveau cycle triennal au Conseil européen de ce printemps, il est primordial que les institutions adoptent en temps utile les lignes directrices intégrées.

Mesdames et Messieurs, à cet égard, je désire souligner de nouveau la grande importance de la coopération constructive entre les différentes institutions.

La mise en œuvre des réformes dans les Etats membres, avec le soutien des institutions au niveau européen, pour qui la mise en place des politiques communes représente une valeur ajoutée, est l'unique moyen de favoriser la croissance économique actuelle. Des reformes et les adaptations sont une nécessité.

Les points les plus critiques concernent l'augmentation des prix du pétrole et de la nourriture, et l'ébranlement des marchés financiers suite à la crise des crédits hypothécaires aux Etats-Unis. La présidence slovène consacrera une attention particulière aux actions visant à en maîtriser les conséquences. Pour ce faire, un programme global d'activités en vue de renforcer la stabilité des marchés financiers sera proposé durant la première moitié de cette année. Sur ce point, une plus grande transparence sur les marchés financiers,  la mise en place de mécanismes de surveillance renforcés et une coopération étroite au niveau international seront nécessaires.

 

IV. CINQUIÈME LIBERTÉ – LIBRE CIRCULATION DES CONNAISSANCES

Investir dans les hommes, dans la recherche et dans les nouvelles technologies: c'est toujours l'un des fondements de la stratégie de Lisbonne La nécessité d'une société fondée sur la créativité et le savoir se fait d'ailleurs de plus en plus ressentir en Europe. Cependant, le seul investissement dans le savoir est insuffisant. Cette année, nous avons l'opportunité de mener un débat approfondi sur le marché intérieur que l'Union européenne souhaite mettre en place. Dans ce contexte, nous devons faire en sorte qu'il n'y ait aucun obstacle à la circulation des idées et des connaissances. C'est pourquoi nous tâcherons, lors du Conseil européen du printemps, d'ajouter aux quatre libertés traditionnelles de l'Union européenne, qui ont connu de grandes avancées, une cinquième et nouvelle liberté: celle de la libre circulation des connaissances. Cette libre circulation des connaissances sera, entre autres, appuyée par une mobilité renforcée des étudiants, des scientifiques et des professeurs. Nous devons, en outre, rendre les avantages du marché intérieur de l'Union européenne plus accessibles aux consommateurs ainsi qu'aux petites et moyennes entreprises. Ensuite, en vue de mettre en œuvre la stratégie des réformes de l'Union européenne, il est indispensable que l'établissement du marché intérieur des services et des innovations se concrétise rapidement. Nous ferons tout ce qui est possible pour que nous avancions en matière de libéralisation de marché intérieur de l'énergie, ce qui me permettrait de vous présenter, à la fin de notre présidence, l'accord que nous aurions conclu dans ce domaine. J'espère, donc, que nous progresserons pour pouvoir assurer un approvisionnement en énergie à nos citoyens et à nos entreprises qui soit de meilleure qualité, moins cher et plus fiable.

 

V. L'ÉLARGISSEMENT ET LA POLITIQUE EUROPÉENNE DE VOISINAGE – OUTILS DE DÉVELOPPEMENT ET DE SECURITÉ RENFORCÉE

Mesdames et Messieurs,

Quand on parle de l'avenir de l'Union européenne, il faut aussi évoquer celui du processus d'élargissement qui n'est pas encore achevé. Celui-ci est un des plus grands succès politiques de l'Union européenne. Dans sa communication de 2006, intitulée « Élargissement – deux ans plus tard », la Commission européenne faisait remarquer, d'une manière très convaincante, que l'élargissement jusqu'ici le plus étendu, notamment celui de 2004, a eu un effet positif sur les "anciens" États membres ainsi que sur les "nouveaux".

Il suffit d'ailleurs de jeter un œil sur la carte de l'Europe pour voir que l'histoire de l'élargissement n'est pas encore achevée. Il est vital que ce processus se poursuive conformément aux engagements établis et aux principes fondamentaux de l'Union européenne, à savoir, essentiellement, les critères d'adhésion. C'est sur la base de ces principes que la présidence slovène s'engagera à poursuivre les négociations d'adhésion avec Croatie et la Turquie.

Un autre chapitre, un chapitre tout à fait particulier, est celui des Balkans occidentaux. Pendant la dernière présidence assumée par un pays frontalier de cette région, la présidence de la Grèce, la déclaration de Thessalonique alors adoptée avait posé les fondements de l'intégration des pays des Balkans occidentaux.   Nous estimons qu'aujourd'hui le temps est venu de confirmer et de conforter les perspectives européennes de ces pays. La présidence slovène a l'intention d'encourager les avancées dans cette direction. Nous devons toutefois préciser que nous ne sommes pas favorables à un abaissement des critères ni à des « raccourcis » quelconques. Pas du tout. Nous sommes par contre partisans d'une plus grande implication et  d'un plus grand engagement de l'Union européenne quant à l'appui aux  processus de réforme des pays de cette région.   

Il ne faut pas oublier que les changements et les réformes qui sont nécessaires dans ces pays doivent être fondés sur une perspective européenne forte et concrète.   Cette perspective, nous voulons la renforcer, entre autres, à travers des mesures dans différents domaines.

Tout d'abord, le Kosovo qui est situé au cœur même des Balkans occidentaux. Dans les années soixante-dix, le Kosovo avait acquis son autonomie et était intégré au système fédéral de la Yougoslavie de l'époque. Ainsi, sa position était de facto la même que celle des républiques fédérales. Quinze ans plus tard, Miloševič a annulé ce statut et a entrepris, ensuite, le nettoyage ethnique de cette région. L'intervention de la communauté internationale a mis fin à ses ambitions. Depuis lors, le Kosovo connait la paix sans pour autant avoir résolu la question de son statut à long terme.

Aujourd'hui, ceci est l'un des problèmes des plus délicats auquel l'Union européenne est confrontée. On souhaiterait, bien sûr, qu'il puisse être résolu de manière à satisfaire les principales parties concernées.   Malheureusement, le long processus de négociations montre que toutes les possibilités pour une telle issue ont étés épuisées. Rien n'indique non plus qu'un accord sur le Kosovo puisse aboutir au sein du Conseil de sécurité de l'ONU dans un avenir proche.

Eh bien, nous savons tous qu'un nouvel ajournement du règlement de cette question pourrait mener à une grave déstabilisation d'une grande partie des Balkans occidentaux. Ce représenterait la pire des issues. Le Kosovo est avant tout une problématique européenne. L'action de la présidence slovène sur ce dossier se fondera sur les décisions prises par le Conseil européen de décembre. Maintenant, nous disposons des fondements pour lesquels un consensus a été atteint. Nous disposons d'un consensus politique de l'Union européenne sur le déploiement d'une mission civile au Kosovo. Nous sommes unanimes pour penser que la situation actuelle est intenable et que la question du Kosovo constitue un exemple spécifique qui ne peut être rapporté à aucune autre situation dans le monde. Pour ces raisons, la présidence slovène coordonnera les solutions qui, d'une part, recevront le plus grand soutien au sein de l'Union européenne, et qui, d'autre part, assureront une stabilité à long terme à cette région.  

Le Kosovo n'est pas isolé dans cette région. Tous les Etats des Balkans occidentaux sont importants aux yeux de l'Union européenne. Et pour la Slovénie, cette région représente un voisinage proche, plus proche que pour d'autres États membres.   Elle se trouve, en effet, à notre porte.   La situation actuelle dans les Balkans représente un chapitre sans fin dans l'histoire des transformations géopolitiques issues de la fin de la guerre froide. Nous souhaiterions que sa fin soit heureuse. L'Union européenne, sur ce point, est investie d'une responsabilité ; nous devons garantir une telle fin aux peuples et aux cultures de cette région. Sa stabilité est d'ailleurs extrêmement importante pour toute l'Union européenne et elle ne peut être atteinte que dans le cadre d'une perspective européenne.

La Serbie, ensuite, a toujours joué un rôle majeur dans les Balkans occidentaux. Il est important que nous la soutenions dans cette perspective européenne par l'intermédiaire d'approches appropriées, malgré les quelques turbulences et hésitations qu'elle pourra  éprouver.

Ensuite, l'Ancienne république yougoslave de Macédoine a acquis le statut de candidat dès 2005 mais elle n'a toujours pas reçu de date des négociations. Jusqu'ici, elle a mis en œuvre de nombreuses réformes appréciables; certaines d'entre elles ne sont pas achevées et il nous appartient de l'y aider. Ce pays ne doit pas se sentir emprisonné par la situation dans la région. Une résolution la plus rapide possible du statut du Kosovo serait, par ailleurs, importante pour la stabilité interne de ce pays.

Je veux également souligner le rôle important joué par l'Albanie : après avoir connu des circonstances historiques particulières au sortir de la Seconde Guerre mondiale, elle est aujourd'hui très estimée pour  sa contribution à la stabilité de cette région, et pour sa position constructive quant à la question du futur statut du Kosovo. Il en est de même pour le Monténégro qui a,  tout aussi sérieusement que l'Albanie, dressé un plan de réformes visant à l'inclusion dans l'agenda de Thessalonique.

Le cas de la Bosnie-et-Herzégovine est quelque peu différent : la situation héritée de l'après-Dayton et son instabilité intérieure sur le plan politique signifient pour nous que ce pays a besoin d'une attention tout à fait particulière. Beaucoup, déjà, a été fait : l'espoir d'une perspective européenne augmente, mais la nécessité de notre soutien s'y fait plus pressante. Nous ne devons pas oublier que les réfugiés ne sont toujours pas revenus, ni que les crimes les plus graves n'ont pas encore été punis.   La sanction pénale des crimes contre l'humanité, la paix et la réconciliation sont indispensables à un avenir européen de la Bosnie-Herzégovine, et d'ailleurs à toute la région.

Nous pouvons mentionner de nombreuses autres raisons pour justifier le renforcement de notre collaboration avec nos voisins, nos partenaires stratégiques et d'autres acteurs. J'ai déjà parlé aujourd'hui de la frontière extérieure de l'Union européenne. Au-delà de cette frontière, nous avons des partenaires importants et précieux que nous devons davantage inclure dans nos différentes activités.

La politique européenne de voisinage est un bon levier du renforcement de la stabilité et de la prospérité des pays tiers. Pour cette raison, il ne faut pas perdre de vue les dimensions orientales et  méditerranéenne. Il ne faut pas, non plus, oublier l'Ukraine et la Moldova, ni le Caucase et l'Afrique du nord. Nous avons besoin d'un dialogue intensif, de nouvelles formes de coopération, la nouvelle donne géopolitique le réclamant. Cette coopération, je l'appelle de mes vœux.

Ensuite, nous sommes pour le renforcement des institutions et des processus comme celui, par exemple, de Barcelone. En revanche, il faut éviter le redoublement des institutions ou la concurrence des différentes institutions européennes ayant en charge certaines régions de l'Union européenne et de son voisinage. L'Union européenne est une unité et c'est seulement comme telle qu'elle pourra être suffisamment efficace quant à l'établissement de la paix, de la stabilité et du progrès dans notre voisinage et ailleurs.

La Slovénie renforcera, en outre, la coopération avec nos partenaires stratégiques dans le monde entier. Durant notre présidence, nous organiserons quatre sommets, l'un avec les États-Unis, le suivant avec la Fédération de Russie, les autres avec Japon et les pays de l'Amérique latine et des Caraïbes. Cette coopération se concentrera sur le développement durable ainsi que sur la lutte contre les changements climatiques et contre la pauvreté. Nous souhaitons aussi parvenir à un renforcement et, si possible, à la formalisation du partenariat et de la coopération (accord PSA) avec la Fédération de Russie.

Nous apporterons également un soutien continu au processus de paix au Proche-Orient. L'Union européenne prêtera son appui notamment dans la mise en œuvre des engagements pris à Annapolis et à Paris. Nous souhaitons qu'Israéliens et Palestiniens puissent aboutir à la sécurité, à la liberté et au bien-être, en engageant ces deux pays à une cohabitation paisible de pacifique.

 

VII. L'ERE DU RENFORCEMENT ET DU RENOUVELLEENT DU ROLE DE L'UNION EUROPÉENNE DANS LE MONDE EST ADVENUE

Mesdames et Messiuers,

Il est temps de renforcer et de renouveller le rôle de l'Union européenne dans le monde. L'année 2008 a débuté en Europe avec la signature du traité de Lisbonne, l'élargissement des zones Euro et Schengen, une croissance économique soutenue grace à l'euro qui a permis de créer, en l'espace d'un an, près de 3,5 millions d'emplois. Ainsi, nous avons toutes les raisons de nous réjouir de la conduite de la présidence du Conseil européen et ceci avec optimisme et ( que mes amis français ne m'en tiennent pas rigueur) une certaine vision. Ceci est toujours nécessaire car, comme le dit un proverbe slovène, pour qui ne sait manier le gouvernail, le vent, quel qu'il soit, est inutile et d'autant plus quand il s'agit d'un vent de changements. Durant ces deux dernières décennies, les bouleversements ne se sont pas limités à l'Europe mais ont touché le monde entier et ceci se vérifiera également dans les années à venir – a une cadence encore plus rapide. Nous n'avons pas pleinement perçu l'impact de certaines d'entre elles. Ainsi, nous parlons beaucoup de l'expansion économique de l'Inde et de la Chine. En juillet 2005, j'ai assisté au discours de Tony Blair lors de la présentation des priorités de la présidence britannique au sein de ce même parlement. A cette occasion, il prévenait de ces changements et parlait de la rapide croissance de ces deux super puissances économiques que sont l'Inde et la Chine (qui, soit dit en passant, viennent de signer, cette semaine, une série de contrats économiques et commerciaux). Ces nouveaux acteurs accélent leurs investissements dans la connaissance, la recherche et le développement, le renforcement de leur compétitivité. L'Union européenne est donc contrainte de prendre des mesures de réflexion et d'action afin de ne pas détériorer la situation de sa compétitivité. Ces dernières années, l'Union a fait le bilan de ses faiblesse et proposé des mesures dont certaines ont déjà été mises en oeuvre. Ceci étant à préciser, mais je vais pas revenir à nos obligations vis-à-vis du traité de Lisbonne.

Parler des changements auxquels l'Union européenne est actuellemnt confrontée seulement en termes de compétitivité et de lutte contre le terrorisme est, selon moi, insuffisant. Ces deux points sont pertinents mais ne sont pas exhaustifs.

A l'échelle de la globalisation, en effet, l'Union européenne est confrontée aux défis clés auquels il faudra trouver de reponses nouvelles:

  1. Le premier est la question de la réforme de l'ONU et de l'établissement d'un nouvel ordre mondial. Le poids de l'Europe, dans cette institution, est considérable, ainsi l Union européenne pourra avoir un rôle crucial dans cette reforme.
  2. Le deuxieme défi est la lutte contre la pauvreté. C'est une priorité absolue. L'aide au développement international, à la quelle contribue l'Union européenne, est importante mais n'est pas toujours utiliser des plus efficacement. Si nous voulons renforcer son efficacité, il nous faut insister sur deux points:nous concentrer sur la formation, ou plus précisément élever le niveau d'instruction dans les environnments défavorisés; acheter les produits alimentaires et les autres produits que nous offrons à ces pays dans les pays où l'aide est dispensée. Nous ne parviendrons à favoriser efficacement l'agriculture et l'économie de ces pays qu'à cette condition, ni a eradiquer la pauvrete a long terme. Quand il s'agit de lutter contre la pauvreté et d'atteindre les objectifs du millénaire, le terme de coopération doit supplanter celui de compétitivité. Le développement des pays en voie de développement, l'enrichissement des plus pauvres doit être pour nous une source de réjouissance. Plus nous compterons parmi nous de pays développés, plus nous pourrons contribuer à l'abolition de la pauvreté.
  1. Le trisième défi est la lutte contre les changements climatiques. L'Union européenne, grâce aux conclusions du Conseil européen de mars, a acquis un statut international de pointe quant à sa crédibilité et l'importance de son influence. Nous devons conserver et renforcer cette position, en nous efforcant d'appliquer les mêmes critères concernant le partage de la charge de la lutte contre les changements climatiques que nous avons adoptés pour nous, aussi dans les négotiations avec nos partenaires exterieurs.
  2. Le quetrième défi est celui du dialogue interculturel. Son existence est plus que jamais nécessaire. En son absence, la paix dans le monde et la sécurité vis-à-vis des menaces d notre époque sont impossibles à long terme. Nous nous réjouissons que l'année 2008 soit justement consacrée au dialogue interculturel. Nous étions honorés de la presence du President du Parlement européen à la ceremonie inaugurale à Ljubljana au debut de janvier. Je me réjouis de notre coopération dans la mise en oeuvre d'événements significatifs qu'organisra le Parlement européen pendat cette année. Il contribueront à la prise de conscience sur la nécéssité de ce dialogue et nous inciterons à avancer à grands pas.

On entend souvent dire que les différents points énumérés ne sont pas nécéssairement des priorités et que l'Union européenne devrait se concentrer davantage sur les problèmes internes des Etats membres. Je me permettrais de dire qu'il s'agit ici d'une conception réductrice car de la résolution des problèmes susmentionnés et de la façon de laquelle l'Union européenne affirmera son rôle au niveau mondial, dépendra celle:

  1. de la paix et de la sécurité que nous devons assurer à nos concitoyens
  2. de la permanence et de la sécurité des approvissionnements de l'Union européenne en énergie
  3. de la maitrise des pressions migratoires sur l'Union européenne.

Plus l'Union européenne aura la capacité de considérer ces phénomènes comme globaux, plus elle garantira à ses citoyen la paix et la sécurité de leur existence, la stabilité de son développement économique et social.

 

IX. TOUT CE QUI CONCERNERA L'EUROPE ME CONCERNERA CAR JE SAIS QUE L'EUROPE NE SERA PAS INDIFFÉRENTE À MON SORT.

Mesdames, Messieurs,

Permettez-moi de teminer mon intervention par l'engagement que la Slovenie remplira cette tâche, pour laquelle elle se preparait depuis trois ans, avec la plus grande responsabilité.

Notre présidence n'aura pas la même ampleur que celle de la France, la même répercution que celle de l'Allemagne, notre fonction publique n'a pas la longue expérience d'excellence de celle de Grande Bretagne. Probablement, nous ferons parfois des erreurs, nos propos seront parfois trop naturels, peut-être trop naïfs. Quoi qu'il en soit, nous nous engageons à remplir cette tâche avec responsabilité et de travailler dur sur les dossiers. Nous ne rivaliserons avec personne. Nous savons d'où nous sommes partis il y a 20 ans, tout ce qu'il a été nécessaire de faire pour en arriver là aujourd'hui.

Notre voeu le plus cher est que, grâce à notre contribution, il y ait tous les mois plus de citoyens europens satisfaits, qu'un jour chaque personne se promenant au hasard d'une ville européenne puisse répondre, sans hésitation, à la question de savoir si le futur de l'Union européenne l'inquiète: « Tout ce qui concernera l'Europe me concernera car je sais que l'Europe ne sera pas indifférente à mon sort ».

 

Mesdames et Messieurs,

Aujourd'hui, peut-être nous n'en sommes pas là mais nous en sommes proches, nous sommes sur la bonne voie.

Merci de votre attention.

 

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Date: 18.01.2008