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Juin

24.06.2008

Discours de M. Janez Janša, Premier ministre de la République de Slovénie et Président du Conseil européen lors de la session plénière extraordinaire du Parlement européen


Monsieur le Président,

Je vous remercie de m'avoir donné la parole. Merci aussi pour vos propos élogieux au sujet de la présidence slovène.  Je dois à mon tour vous retourner ces compliments pour la qualité de la coopération que nous avons entretenue avec le Parlement européen durant la présidence slovène de l'Union européenne.

Monsieur le Président de la Commission européenne,

Je peux réitérer l'expression de ces propos quant à notre coopération.  La synergie entre le Conseil, la Commission et le Parlement durant les six mois passés a contribué à la réalisation de certaines avancées qui ont permis à l'Europe de gagner en qualité et en efficacité, essentiellement en ce qui concerne les défis mondiaux.

Je me réjouis de pouvoir vous présenter aujourd'hui, chers députés, Mesdames et Messieurs, les conclusions du Conseil européen du mois de juin. Le Conseil a été riche en défis et permet, en quelque sorte, de résumer les avancées accomplies conjointement durant les six mois passés. Le nombre d'événements durant le premier semestre 2008 a été considérable, témoignant ainsi que l'Europe est dynamique, qu'elle fonctionne et qu'elle est capable de faire face aux problèmes.

Durant les six mois passés, pour ne citer que certains des progrès mentionnés, nous avons élargi la zone euro ( la semaine dernière, nous avons formellement invité la Slovaquie à se joindre à cette zone, au 1er janvier 2009), nous avons aboli les derniers obstacles au système d'information de Schengen, nous avons inauguré et réalisé une bonne partie du programme de l'Année européenne du dialogue interculturel. Sur ce point, je tiens particulièrement à remercier M. Hans Pöttering, Président du Parlement européen, une série de manifestations ayant été organisée dans le cadre de l'Année du dialogue interculturel par le Parlement européen.  En outre, la rencontre avec les hauts dignitaires religieux a constitué, à mon avis, une grande valeur ajoutée pour l'Europe.  Cette tradition devrait être maintenue à l'avenir.  Nous avons fondé, sur le littoral slovène, l'Université euro-méditerranéenne, nous avons arrêté notre choix sur Budapest pour établir le siège de l'Institut européen de technologie, nous avons également institué la Journée maritime européenne. Au mois de mars, nous avons lancé le deuxième cycle de la stratégie de Lisbonne et introduit une cinquième liberté.

En outre, nous avons célébré quelques anniversaires d'importance pour l'Union européenne : le 10e anniversaire de la Banque centrale européenne et de l'euro, le 50e anniversaire de cette respectable demeure qu'est le Parlement européen, et le 60e anniversaire du Congrès de la Haye. 

Ces avancées ont pu être réalisées, comme je l'ai dit auparavant, grâce à la qualité de la coopération et la synergie entre le Conseil, le Parlement et la Commission. Sur ce point, je tiens à remercier les deux présidents de ces institutions pour leur engagement personnel considérable.  Sans ce concours, le processus de coordination aurait été sensiblement plus difficile et les pas à entreprendre plus incertains.  Il s'agissait d'une question de soutien stratégique et je vous en remercie.  Je tiens également à remercier les présidents des groupes politiques et les chefs des groupes des députés au Parlement européen pour l'excellente communication et coopération que nous avons pu entretenir, notamment durant ces dernières semaines, suite au référendum irlandais, alors que la situation politique était très exigeante.  Pour ma part, je peux estimer que cette coopération peut être qualifiée d'excellente. 

Aujourd'hui, je voudrais commencer cette communication sur le Conseil européen du mois de juin sur le point où, au mois de janvier durant la présentation des priorités de la présidence slovène, j'avais conclu mon allocution : j'exprimais, alors, le souhait de voir un jour un passant, où que ce soit sur le territoire de l'Union européenne, même en Irlande, déclarer son sentiment d'appartenance à l'Europe, se sentir concerné par le futur de l'Europe tout en ayant conscience que l'Europe, réciproquement, se sentirait concernée de ce qu'il adviendrait de lui. Je pense que les derniers événements, notamment le vote négatif en Irlande, ont donné une certaine densité à ma réflexion.  Sur cette question, nous devons avoir conscience qu'il ne s'agit ni d'une crise du traité de Lisbonne ni d'une crise de l'Union européenne. Je suis persuadé que l'enjeu dont il s'agit est un défi très ancien, propre à toute politique, depuis que la politique œuvre pour le bien commun, et qui pourrait être repris dans les termes suivants:   « Comment faire en sorte qu'un projet de réforme ou une proposition de changement reçoive l'assentiment de la majorité alors que la conjoncture est bonne, qu'aucun danger ne menace à l'horizon, que tout le monde peut constater que les générations actuelles mènent une existence considérablement meilleure à celle de leurs ancêtres ?  Comment persuader les gens que, afin de pérenniser la qualité et la stabilité de cette existence, des changements sont nécessaires ?  Comment diffuser ces changements, comment s'assurer d'un soutien quand nul nuage ou très peu pointe à l'horizon? Comment expliquer qu'un toit a besoin d'être réparé en temps opportun?

Et quand nous n'y réussissons pas, dans le cadre de nos politiques nationales, mais aussi dans le cadre de la politique européenne, la réaction est normale et prévisible, nous défendons ce que nous avons au détriment de ce que nous pourrions avoir.  Et nous nous accrochons à l'idée que ce que nous avons découle des solutions en vigueur et qu'il n'y a pas de raison de les modifier. En ces instants, il est plus facile de succomber à la peur que de voir les résultats, certes, encourageants, mais encore inexistants. Il s'agit d'un enjeu majeur et les discussions lors du Conseil européen de juin ont clairement indiqué qu'il fallait le relever. Elles ont également démontré que nous sommes unanimes pour reconnaître que l'Europe élargie nécessite, d'une part, d'instruments pour une action plus performante et démocratique en son sein, et, d'autre part, une base institutionnelle rénovée pour une action plus efficace à l'extérieur.  A cette question, il n'y a aucune alternative. Nous pouvons nous obstiner à chercher d'autres possibilités, nous ne trouverons aucune réponse de substitution à cette question stratégique.

Nous avons décidé de nous octroyer du temps, jusqu'au Conseil d'octobre, pour décider, ensemble et sur la base des analyses et des propositions de nos homologues irlandais, comment aller de l'avant.  Entre-temps, il faudra suivre trois grandes lignes directrices. Premièrement, chercher une solution en évitant de fragiliser les fondements du traité de Lisbonne, sur lequel nous nous sommes accordés, que nous avons signé le 13 décembre dernier et qui répond de manière adéquate aux enjeux cruciaux auxquels l'Union européenne est confrontée. Nous sommes convenus de poursuivre et non de tout recommencer. Nous sommes également convenus de poursuivre le processus de ratification. La démocratie signifie que l'opinion de chacun compte et que chacune d'entre elles a le même poids. Il faut donc respecter la volonté des électeurs irlandais, mais également l'opinion des autres. A ce jour, 19 États membres ont ratifié le traité. Le parlement britannique, par exemple, a achevé sa procédure de ratification entre le référendum irlandais et la session du Conseil européen. Bref, durant cette période sensible, un Etat membre a poursuivi sa ratification, en maintenant ainsi la dynamique du processus. Mais, et je le répète, le message de l'Irlande doit être pris au sérieux.  D'autant plus que ce n'est pas la première fois que nous sommes confrontés à une réaction négative face aux modifications proposées.  D'autant plus, que ce n'est sûrement pas la dernier traité que nous modifierons et soumettrons à l'approbation.  Ce n'est sûrement pas la dernière réforme que proposera l'Europe. Les années et les décennies à venir exigeront de nouvelles réponses face aux nouveaux enjeux. Il faudra, donc, trouver et inlassablement faire concorder des solutions viables.

Nous devons en tenir compte et y réfléchir sérieusement. D'abord, pourquoi ces réactions? Il faut vraiment examiner l'ensemble des raisons et, selon moi, se concentrer sur la cause que j'ai évoquée auparavant, cet enjeu très ancien de toute politique. En même temps, nous devons nous concentrer sur la communication et expliquer clairement aux Européens pourquoi l'Europe nécessite un nouveau traité. Je suis certain que ce ne sera pas difficile, mais que cela nécessitera un certain temps et également une approche pondérée. Je pense également qu'il faudra œuvrer à changer l'attitude de nos citoyens envers les institutions de l'Union européenne. Pour être simple, je dirai que nous devons investir davantage dans la construction d'une identité européenne. Une identité européenne qui ne soit pas en contradiction avec les identités nationales des Etats membres, une synergie d'identités en quelque sorte . La réponse est la synergie, et non la confrontation des identités. J'ai la conviction qu'il est très important d'être conscient, dans cette approche, que la construction de cette identité par le seul biais des instruments et des institutions formels ne pourra progresser que très lentement. Nous avons besoin d'une approche plus souple. A cet égard, la discussion avec la société civile, si je peux ainsi la nommer, qui a eu lieu lors du soixantième anniversaire du congrès de la Haye était édifiante et a abouti à la formulation de plusieurs bonnes propositions.  Il s'agissait d'un débat auquel ont participé les présidents du Parlement européen et de la Commission européenne, les présidents de nombreuses autres institutions européennes et des centaines de jeunes et de moins jeunes de toute l'Union européenne. Certaines des propositions formulées à cette occasion méritent, à mon avis, d'être mises en pratique au plus vite.

Malgré la multitude de langues officielles dans l'Union européenne, toutes égales entre elles, ceci représentant, dans une certaine mesure, un problème pour les médias ou, par exemple, l'industrie du cinéma au niveau européen, nous devrions pouvoir accomplir des démarches dans ce sens, notamment celles qui semblent les plus aisées. En ce qui concerne l'identité commune, il est très important que les personnes s'identifient à une entité partagée, telle que, par exemple, une équipe de football de l'Union européenne. Il est possible d'organiser des matchs de football entre l'Union européenne et l'Amérique latine ou l'Union africaine. Il y a déjà eu des tentatives similaires dans le passé. Elles ont attiré beaucoup plus d'attention que les matchs en eux-mêmes. Il faudrait en tirer des leçons. Nous devons adapter notre communication. Nous devons être conscients que les technologies modernes génèrent une nouvelle approche de la communication chez les jeunes générations, ce qui ouvre de nombreuses et nouvelles perspectives. Cela nous permet de surmonter de nombreuses entraves, ce qui n'était pas possible autrefois. En même temps, cela signifie que les citoyens européens sont très exigeants, qu'ils sont conscients de leurs droits et des possibilités de les faire valoir. La communication doit en tenir compte.

Je suis convaincu que la dynamique de recherche de solutions proposée par le traité de Lisbonne gardera toute sa vigueur d'ici octobre. La plupart de mes homologues des États membres qui n'ont pas encore accompli la procédure de ratification du traité de Lisbonne ont, lors du débat au sein du Conseil, annoncé la ratification du traité au cours des prochains mois. En octobre, le nombre d'États membres qui n'aura pas ratifié le traité de Lisbonne sera tout autre.

Bien que nous ayons été confrontés au risque de paralysie du processus de ratification après le "non" irlandais, le Conseil européen n'a pas changé son ordre du jour.  Celui-ci s'est concentré sur les questions de sécurité, d'inflation pétrolière et énergétique, sur les conséquences sociales en découlant ainsi que sur les questions environnementales et énergétiques. Nous avons proposé des mesures visant à atténuer les répercussions de la hausse des prix des denrées alimentaires et du pétrole, dont le président de la Commission parlera davantage. Le Conseil européen a constaté que ce problème était grave. Les prix des denrées alimentaires, qui ont augmenté de 9% en 2006, ont marqué une hausse de 40% l'année dernière pour atteindre leur plus forte valeur nominale durant ces cinq dernières décennies. Les prix du pétrole ont augmenté en 6 ans de 500 %, ce qui a donné lieu à des changements stratégiques. Le Conseil a intensément débattu des mesures à court terme, particulièrement des mesures d'urgence à entreprendre vis-à-vis des individus et des ménages modestes qui consacrent une part importante de leurs revenus à l'alimentation. Cependant, il faut déterminer quelles mesures relèvent de la compétence des politiques européennes et lesquelles dépendent des politiques nationales des États membres. Beaucoup de ces mesures ont été adoptées par les États membres. La Commission européenne a, elle aussi, adopté une série de mesures relevant de sa compétence. Ces dernières ainsi que celles à court terme sont nécessaires : n'évoquer que des mesures à long terme n'est pas approprié.  Il faut, en effet, soutenir les populations les plus vulnérables. Jusqu'à ce que les mesures à long terme produisent leur plein effet, il est nécessaire de soutenir les groupes socio-économiques les plus touchés par cette inflation. Une réaction homogène est attendue de la part des gouvernements et de l'Union. Cependant, il faut déterminer quelle réponse est la plus efficace et à quel niveau. Bien sûr, le rôle de l'Union européenne est de fournir des solutions aux questions que les États membres ne sont pas à même de résoudre par eux-mêmes.  Réfléchir sur l'origine de la flambée des prix du pétrole, des denrées alimentaires, des matières premières et des produits énergétiques en général, revient à s'interroger sur des problèmes stratégiques globaux.  De ce fait, une approche européenne commune n'a jamais été aussi clairement nécessaire qu'aujourd'hui.

L'inflation découle, en vérité, des déséquilibres entre l'offre et la demande.  Cette dernière a récemment considérablement augmenté. À court et à moyen termes, nous pouvons particulièrement essayer de surmonter cet écart en accroissant la production, en nous ouvrant davantage, en orientant les secteurs agricole et énergétique vers le marché, en favorisant les innovations qui produisent des effets à court terme ainsi que certaines mesures, telles que le suivi systématique des cours du marché. Toutefois, il ne faut pas se nourrir d'illusions. L'époque de la nourriture et surtout de l'énergie bon marché est révolue. À cet égard, les changements d'habitudes, y compris les nouvelles solutions technologiques, sont essentiels. Outre les raisons environnementales, dont nous avons beaucoup parlé au mois de mars, la mise en œuvre de ces solutions est, dans une grande mesure, également nécessaire pour des raisons sociales. Malheureusement, je ne dispose pas de suffisamment de temps pour les mentionner toutes.

En ce qui concerne les autres conclusions, nous sommes également convenus de mettre en place des mesures visant à renforcer la sécurité des citoyens européens. Le succès de l'Union européenne dépendra toujours de son ouverture au monde. Pour cette raison, il est nécessaire que les citoyens européens soient conscients qu'une telle ouverture ne se fait pas au détriment de leur sécurité mais que, tout au contraire, elle contribue à son renforcement, ceci, bien entendu,  à condition de mettre en place des mécanismes appropriés. Pour cette raison, le Conseil européen a salué les récentes avancées enregistrées dans le domaine de la justice et des affaires intérieures, l'achèvement de l'élargissement de l'espace Schengen et l'accord sur le passage au système d'information de deuxième génération d'ici septembre 2009. Il a également approuvé la transformation d'Europol en agence de l'Union européenne, les avancées relatives à la mise en œuvre de la stratégie antiterroriste, la décision-cadre sur le renforcement des droits des citoyens en matière d''exécution des jugements rendus en absence.

Nous avons ensuite proposé quelques initiatives afin de pouvoir adopter le paquet climat – énergie d'ici la fin de l'année. J'ai pu observer, durant ces six derniers mois, que, au sujet de ce paquet législatif et de la lutte contre le changement climatique, les yeux du monde entier étaient tournés vers l'Union européenne. Le monde attend que nous apportions des solutions concrètes. Il attend également que nous en prenions l'initiative. Nous avons sur nos épaules une lourde responsabilité. Les dirigeants des pays des Caraïbes que j'ai rencontrés, avec le président de la Commission européenne, lors du sommet UE – Amérique Latine et Caraïbes, ont plaidé pour que l'UE ne relâche pas ses efforts, qu'elle poursuive sur sa lancée, rappelant les répercussions directes qu'ils subiront si le changement climatique n'est pas enrayé. À ce titre, nous avons été attristés d'apprendre que certaines îles importantes de ces pays étaient déjà sur le point d'être submergées. 

Le Conseil européen de juin a établi un bilan des nombreuses avancées que nous avons accomplies jusqu'à présent.  Nous ne disposons pas de suffisamment de temps pour les mentionner toutes. Nous nous félicitons de l'accord atteint sur le projet Galileo. Nous sommes heureux que certaines directives aient été enfin approuvées, après avoir attendu longtemps leur harmonisation. Nous nous réjouissons également d'un tournant décisif opéré dans la libéralisation du marché de l'énergie, notamment en ce qui concerne le gaz mais aussi l'électricité. Nous nous félicitons, enfin, que toutes ces avancées résultent, comme je l'ai déjà dit auparavant, d'une très bonne coopération entre le Conseil, le Parlement européen, les groupes politiques et les présidents des groupes de travail du Parlement européen.  De même, nous nous réjouissons que notre communication ait été pertinente et d'avoir pu ainsi progresser.

Nous nous félicitons, de plus, des avancées accomplies en faveur de la perspective européenne des Balkans occidentaux. Dorénavant, en effet, les accords d'association et de stabilisation ont été signés avec tous les pays de la région. L'Union européenne, de plus, a joué un rôle stratégique et stabilisateur au Kosovo. Nous sommes heureux d'avoir pu coordonner des mesures pratiques en la matière et de pouvoir aujourd'hui constater, et cela en dépit des inquiétudes manifestées en janvier lorsque nous discutions des priorités à l'égard des Balkans occidentaux et que je répondais à vos questions sur la situation de cette région, que la situation y est beaucoup plus stable qu'auparavant et qu'elle s'est fortement redressée même au Kosovo, ce que peu auraient pu prévoir.

Permettez-moi de vous remercier, encore une fois, pour votre coopération qui a concouru à notre synergie. Beaucoup de nos avancées ont été accomplies du fait même de la grande énergie que nous avons su déployer pour le bien de l'Europe. Il en est de même pour celles qui n'ont pas pleinement abouti, qui seront, toutefois, utiles pour les prochaines présidences.

Merci pour votre attention.

 

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Date: 26.06.2008