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Mars

12.03.2008

Allocution de M. Janez Janša, president du Conceil de l'UE, à l'occasion du 50me anniversaire du Parlement européen


Foto: Bor Slana/Bobo

Monsieur le Président du Parlement européen,

Monsieur le Président de la Commission européenne,

Présidents et représentants des Parlements nationaux,

Chers députés,

Mesdames et Messieurs,

« Ce n’est pas sans émotion que je prends la parole … » : par ces mots Robert Schuman, le premier président de l'Assemblée parlementaire, s'est adressé, le 19 mars 1958, à cette haute assemblée. Cinquante ans plus tard, lors de ce jubilé solennel, j'éprouve les mêmes sentiments. Je suis ici, et ne m'adresse plus aux 142 membres désignés, mais aux 785 députés du Parlement européen, élus au suffrage universel direct. Quand on jette un regard sur le chemin parcouru et sur l'évolution de la démocratie européenne durant ces cinq décennies, nous éprouvons une grande fierté et un sentiment de profonde gratitude envers les pères de l'idée européenne. En même temps, nous nous sentons investis de la responsabilité de contribuer, de toutes nos forces, à faire évoluer cette histoire européenne caractérisée par la paix, la coopération et la prospérité.

Essayons de nous replonger dans l'année 1958 – dans cette société qui devait affronter les conséquences de deux guerres dévastatrices, dans un monde tiraillé entre l'ouest et l'est; à l'époque de la guerre froide, de la révolution de Cuba, des essais nucléaires et du lancement des premiers satellites dans l'espace. Les six Etats membres originaires, qui rassemblaient 168 millions d'Européens, ont réussi à refermer les plaies de l'après-guerre, à progresser économiquement et, en coopération avec l'alliance euro-atlantique, à assurer la sécurité de cet espace de liberté et de démocratie. Hélas, la majeure partie du reste de l'Europe vivait, à la même époque, sous les régimes totalitaires, dans un environnement de stagnation ou de régression économique et civilisationnelle.

Le tableau que nous avons devant nous aujourd'hui, en 2008, est bien différent. Le monde n'est plus bipolaire; dans ce monde multipolaire, il ne s'agit plus de compétition économique ou politique, mais, de plus en plus, d'une coopération dans la recherche de réponses aux défis du monde moderne. La suppression des frontières, qui avaient, autrefois, divisé l'Europe – du mur de Berlin et du rideau de fer jusqu'au contrôle des frontières internes – se poursuivra à la fin de ce mois avec l'élimination des frontières aériennes au sein de l'espace élargi de Schengen. L'Union européenne d'aujourd'hui couvre une superficie trois fois supérieure à celle d'il y a 50 ans; elle compte trois fois plus de citoyens, vingt-trois langues officielles, un marché intérieur fort et une monnaie commune; l'espérance de vie de ses habitants a été prolongée de huit ans. Les 27 chefs de gouvernement, dont plus d'un tiers vivait il y a vingt ans sous un régime totalitaire, discuteront, demain, autour d'une même table. Presque toute l'Europe connaît, à présent, la liberté et la démocratie. C'est un résultat qui mérite d'être enraciné dans nos consciences et d'être célébré.

I Le Parlement européen – miroir et moteur des changements démocratiques

L'évolution et le fonctionnement du Parlement européen depuis 1958 témoignent clairement du progrès de cette communauté durant ces dernières 50 années. Simple organe consultatif à l'origine, vous avez été investis, dans les années soixante-dix, de compétences accrues en matière budgétaire et vous avez connu, à la fin de cette même décennie, les premières élections au suffrage universel direct. Les traités consécutifs vous ont donné de nouveaux pouvoirs législatifs et des compétences en ce qui concerne les nominations des plus hauts représentants politiques européens. Aujourd'hui, même la Commission a besoin de votre accord pour pouvoir exister.

Si en 1958, les Traités de Rome ont investi l'Assemblée parlementaire de nouvelles responsabilités, cinquante ans plus tard, le Traité de Lisbonne donne au Parlement européen des pouvoirs encore plus étendus: la procédure de codécision sera élargie à la majeure partie des politiques européennes; le rôle du Parlement dans le domaine du contrôle démocratique, de la conclusion des accords internationaux et de désignation des plus haut représentants européens sera accru. 

J'éprouve une très grande satisfaction suite à l'adoption à la majorité convaincante du rapport sur le traité de Lisbonne, lors de la session plénière du mois passé. Par ailleurs, je félicite tous les Etats membres qui ont déjà achevé leurs processus de ratification du traité de Lisbonne et je présume que les autres suivront promptement.

II Le traité de Lisbonne est la réponse de l'Union européenne aux enjeux de la mondialisation

Si les cinquante premières années de l'Union ont été consacrées à l'agenda européen – dont sont tributaires notre développement politique et économique ainsi que les réformes - les prochaines cinquante années seront consacrées en premier lieu à l'agenda de la mondialisation. La liste des thèmes que seront à l'ordre du jour du Conseil européen de demain l'indique sans équivoque. Il est clair que nous ne serons à même de donner des réponses adéquates aux « enjeux de Lisbonne » - à savoir les questions environnementales et les turbulences sur les marchés financiers - qu'en prenant en compte les tendances et les protagonistes mondiaux, ceci en les incluant dans nos activités.

Ceci est également valable pour les droits de l'homme et le dialogue interculturel, pour lesquels le rôle du Parlement européen est prépondérant. A cette occasion, je désire vous exprimer, au nom du Conseil, ma reconnaissance pour l'action que vous menez en vue d'attirer l'attention sur les violations des droits de l'homme; dans le suivi des élections et pour les efforts de vos délégations au sein des institutions internationales, notamment au sein du Conseil des droits de l'homme des Nations Unies. Votre rôle dans le cadre des assemblés parlementaires communes est aussi très important, permettant de renforcer la valeur des politiques de l'Union européenne envers les pays tiers et les régions. Durant cette année du dialogue interculturel, grâce aux contacts que vous avez établis avec de hautes personnalités politiques et à vos activités, vous réaffirmez le message fondamental de l'UE : que le respect et la compréhension mutuels sont la base de la coexistence à tous les niveaux, à l'échelle européenne ainsi que mondiale.

III Plus l'UE est unie plus elle réussit

Le champ de compétences de l'UE a beau s'enrichir, il n'y existe toujours qu'une seule règle: notre succès est proportionnel à notre unité – l'unité, d'une part, entre les États membres, les secteurs, les groupes d'intérêt et les générations et, de l'autre, entre les acteurs régionaux, nationaux, européens et mondiaux. Les institutions de l'UE doivent servir d'exemple sur ce point.

«L'expérience de chacun se renouvelle. Seules les institutions deviennent plus sages en accumulant l'expérience collective.»

Par ses mots, Jean Monnet nous amène à comprendre un peu mieux pourquoi l'idée européenne diffère souvent de sa réalité, pourquoi donc de nombreuses Européennes et de nombreux Européens, et cela en dépit des succès évidents des cinquante dernières années, se méfient des avantages de l'intégration européenne. Si nous voulons saisir et apprécier la liberté, la paix, la diversité, l'absence de frontières, le bénéfice et l'opportunité d'une Europe unie, nous devons être conscients, à tout moment, que les autres alternatives existantes ne sont en rien meilleures à la nôtre.

Pour cette raison, il nous revient à tous de revivre l'expérience collective européenne. C'est en elle, en effet, que nous pouvons puiser les forces nécessaires pour relever les défis modernes. Nous devons faire coïncider les perspectives rétrospectives et prospectives. Si nous n'avions pas joint nos forces il y a cinquante ans, nous n'aurions pas vécu aujourd'hui en paix et dans la prospérité. Il en va de même pour les cinquante ans à venir: sans trouver ensemble de solutions favorisant une faible teneur en carbone et l'efficacité énergétique, nous ne parviendrons pas à ralentir le changement climatique. Dans le cas contraire, nous devrons faire face à un nombre croissant d'inondations, de sécheresses, de nouvelles maladies, de menaces pour notre écosystème ainsi que de «réfugiés climatiques». Il est donc essentiel que les résultats des décisions et des activités européennes soient suffisamment concrets et «tangibles» pour que les citoyens puissent comprendre l'importance décisive de l'UE dans la préservation et l'amélioration de leur qualité de vie.

Monsieur le Président, chers députés,

Permettez-moi de vous remercier pour votre contribution au développement de l'UE durant ces dernières cinquante années. Je suis conscient de l'influence de cette époque sur la vie de notre génération: je suis né la même année que le Parlement européen.

Je vous souhaite beaucoup de succès dans votre travail durant le reste de votre mandat, de faire preuve d'idées novatrices tout en insistant sur le développement des valeurs européennes, de la démocratie européenne ainsi que du mode de vie européen.

Je suis convaincu que lors du soixantième anniversaire de ce foyer européen de la démocratie, nous aurons de nouveau le bonheur de célébrer les avancées de l'Europe, perceptibles sur tout son territoire.

Merci pour votre attention.

 

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Date: 14.03.2008